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La chaise de Guillermo Fariñas pour le prix Sakharov est restée vide aussi. |
"L'invitation officielle du Parlement européen à la remise du prix Sakharov devait m'être envoyée dans un délai d'à peine une semaine par les autorités consulaires de Cuba en France. Or, depuis un mois je n'ai toujours rien reçu. Le document doit être perdu à l'heure qu'il est", vient de nous confier Guillermo Fariñas, qui se remet lentement de "graves séquelles musculaires provoquées par de multiples grèves de la faim". Le fondateur, à Santa Clara, de la petite agence indépendante Cubanacán Press n'en tire cependant aucune amertume. Le plus important pour lui, nous dit-il, est d'avoir échappé à une sortie définitive.
"Les autorités m'auraient sans doute laissé partir, mais sans possibilité de retour et il n'en était pas question. Je suis cubain et je reste avec le peuple cubain. Pour moi, la seule solution acceptable était une sortie provisoire."
"Sortie définitive" figure en toutes lettres sur les passeports des dix-huit journalistes arrêtés en mars 2003 - dont notre ancien correspondant Ricardo González Alfonso -, et forcés à l'exil en échange de leur sortie de prison, depuis juillet dernier. La plupart d'entre eux résident maintenant en Espagne.
Désormais, trois journalistes du "Printemps noir" restent incarcérés en raison de leur refus de quitter Cuba : Pedro Argüelles Morán, Héctor Maseda Gutiérrez et Iván Hernández Carrillo.Pour eux, Reporters sans frontières réclame le droit inconditionnel de vivre librement dans ce pays qui est le leur.
C'est également le message de Guillermo Fariñas à la réception de son prix. "Un message de réconciliation. Sans rancœur ni haine. Aimons nos ennemis. Il n'y a pas de guerre civile à Cuba mais une révolte pacifique et la promesse d'un changement en profondeur de la société. Je suis une infime partie de cette révolte-là et je reçois le prix Sakharov au nom de tout le peuple cubain. Ce prix m'encourage à poursuivre ce mouvement collectif vers le meilleur des prix : la démocratie totale à Cuba, les droits de l'homme pour tous, même pour ceux qui sont aujourd'hui nos oppresseurs."
Nous faisons nôtres les propos de Guillermo Fariñas. La société cubaine devra un jour se réconcilier avec elle-même, dans toutes ses composantes. L'effort diplomatique, notamment européen et latino-américain, en faveur du respect des libertés et droits fondamentaux dans l'île, doit continuer.
C'est pourquoi Reporters sans frontières soutient la position commune de l'Union européenne qui subordonne la normalisation des relations avec Cuba à la reconnaissance effective par le gouvernement de La Havane de ces droits et libertés. Ce même gouvernement a pourtant signé en 2008, - sans les ratifier - les deux pactes de l'ONU sur les droits civils et politiques. L'organisation appelle, en même temps et une nouvelle fois, à la levée de l'embargo imposé à l'île par les Etats-Unis depuis 1962, qui pénalise la population cubaine tout en donnant argument au régime pour ne rien changer. La page de la répression doit se tourner. Et les Cubains décider de leur avenir.
Source: IFEX
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