dimanche 26 décembre 2010

Les «Dames en blanc» réclament la libération de 11 prisonniers

Les "Dames en Blanc" pendant une de ces manifestations cette année.
Les «Dames en blanc», épouses et mères de prisonniers politiques cubains, ont demandé dimanche au président Raul Castro de libérer avant la fin de l'année les 11 opposants toujours détenus et qui refusent de partir en exil une fois sortis de prison.

«La seule chose que je veux dire au général Raul Castro, c'est de se souvenir que la famille c'est sacré, et qui si lui-même aime ses enfants et a aimé son épouse, qu'il songe que nous aussi nous aimons nos maris et nos enfants, et qu'il leur accorde la liberté», a déclaré à des journalistes le leader des Dames en blanc, Laura Pollan.

Laura Pollan s'est déclarée cependant «assez sceptique» sur une perspective de libération d'ici au 31 décembre.

«Notre force réside dans l'amour que nous avons pour Dieu et c'est lui seul qui peut en ce moment adoucir le coeur de nos dirigeants», a-t-elle ajouté à la sortie de l'église Santa Rita à La Havane où les Dames en blanc se réunissent chaque dimanche pour une marche afin de demander la libération de leurs êtres chers.

Onze prisonniers politiques sont toujours détenus, sur les 52 que le président cubain s'était engagé à libérer lors d'une médiation du cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, en mai dernier.

Quatre d'entre eux «sont malades» et «n'ont même pas pu avoir une autorisation de sortie de prison pour raisons de santé», a relevé Mme Pollan.

Quarante prisonniers politiques ont été libérés après avoir accepté de partir en exil en Espagne. Sur les douze restants, un seul a été libéré et est resté à Cuba.

Source: Cyberpresse

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  • jeudi 23 décembre 2010

    Cuba : Oswaldo Payá, l'infatigable dissident chrétien

    Oswaldo Payá Sardiñas

    CUBA - Depuis quarante ans, il se bat pied à pied contre le régime castriste, refusant de s'exiler comme tant d'autres opposants, multipliant les initiatives. Défenseur des droits de l'homme, Oswaldo Payá puise sa force dans sa foi catholique.


    «Je suis simplement dans les mains de Dieu», confie Oswaldo Payá, chrétien et dissident cubain. La vie de ce Lech Walesa tropical tient en effet du miracle. A 58 ans, il a passé la majeure partie de son existence à résister de l'intérieur, au nom de sa foi catholique, au régime castriste.

    Ce qui lui vaut, du côté de l'État, de vivre sous surveillance policière constante, sans oublier, de 1968 à 1971, trois années de travaux forcés. Traqué jusque dans l'intimité de sa chambre à coucher, Payá y a découvert, encore récemment, un micro espion... Et de subir, du côté de l'Église, une certaine défiance, car son combat est jugé trop politique par la hiérarchie, qui tente d'établir un climat de confiance avec le régime afin de favoriser le développement de l'Église.

    Sa protection, ce père de trois enfants, cofondateur en 1988 du Mouvement chrétien de libération (MCL), la reçoit «d'en haut», comme le dit ce croyant, mais aussi de sa notoriété internationale. Celle-ci a été couronnée par deux prix de renom: le prix Sakharov pour la liberté de penser en 2002, décerné par le Parlement européen, et l'Averell Harriman Democracy Award, attribué en 2003 par l'Institut américain des affaires internationales.

    Sans cette reconnaissance, Oswaldo Payá aurait certainement été incarcéré lors du «printemps noir» de mars 2003, qui vit l'arrestation de 75 de ses amis, intellectuels et artistes, dont beaucoup sont membres de son mouvement. Le régime les accusait d'avoir attenté aux intérêts de Cuba et les a condamnés à des peines de prison ferme - allant de la bagatelle de six à vingt-huit ans d'emprisonnement !


    Il demande la libération des prisonniers politiques

    Les condamnés, de fait, s'étaient associés au «projet Varela», précisément lancé par Oswaldo Payá au lendemain de la visite de Jean-Paul II sur l'île, en 1998.

    L'idée consistait à exploiter une possibilité offerte par la Constitution: si un projet est soutenu par au moins 10 000 électeurs, il est recevable, comme projet de loi, par l'Assemblée nationale. En 2002, Oswaldo Payá a ainsi publiquement remis une demande visant à organiser un référendum pour une révision de la Constitution accordant plus de libertés personnelles, politiques et économiques. Et surtout, la libération des prisonniers politiques.

    Le projet fut accueilli, dans un premier temps, conformément à la loi, mais un discours du président George W. Bush, le 20 mai 2002, qui exigeait la fin du régime socialiste à Cuba, servit de prétexte à une contre-offensive castriste. L'initiative de Payá fut alors enterrée, notamment par une pétition nationale qui recueillit plus de 8 millions de signatures, soit 99,37% des Cubains en âge de voter, affirmant le caractère «intouchable» de la Constitution socialiste et, un an plus tard, par l'arrestation et la condamnation de 75 personnalités d'opposition.

    En 2010, l'Église catholique, avec l'appui de Rome et par l'intermédiaire du cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, a fini par obtenir la promesse de la libération de 52 de ces opposants. A ce jour, 40 d'entre eux ont été libérés, mais sous condition de quitter l'île. Et 11 restent en prison, parce qu'ils refusent cet exil forcé.

    Un autre fait, intervenu la semaine dernière à Strasbourg, donne raison au combat d'Oswaldo Payá. En 2002, quand il avait reçu le prix Sakharov, il avait été autorisé au dernier moment à quitter Cuba pour aller recevoir sa distinction en Europe. Cette année, Guillermo Fariñas, un autre opposant cubain, n'a pas été autorisé à quitter l'île et, sur la tribune du Parlement européen, le prix a été remis à une chaise vide...

    En octobre dernier, l'infatigable dissident chrétien a lancé une nouvelle pétition pour demander une révision de la Constitution. Ce «projet Heredia» demande la liberté de circulation, de résidence, d'aller à l'étranger et d'en revenir, la liberté d'expression, d'association et d'accès à internet. Oswaldo Payá, qui revendique son «espérance» pour Cuba, ne désarme pas.

    Jean-Marie Guénois

    Source: Le Figaro

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  • lundi 20 décembre 2010

    Un Breton détenu à Cuba depuis 625 jours

    Interpellé à La Havane, un Lorientais Jean-Louis Autret est en détention provisoire à Cuba depuis près de deux ans.

    Son voilier a servi à convoyer de la cocaïne


    Au début des années 1990, Jean-Louis Autret, ancien directeur d’agences de voyages à Lorient, puis responsable d’une imprimerie à Brest, décide de refaire sa vie à Cuba. Malgré l’embargo américain, il se lance dans des activités de négoce et d’import.

    En 2004, pour ses loisirs, il achète un voilier d’occasion, l’utilise peu, et le revend à deux autres Français.

    Un an plus tard, il apprend que le Marina Hemingway a servi à convoyer de la drogue (pas moins de 2,8 tonnes de cocaïne) et qu’il a été arraisonné au large du Cap Vert.

    Interpellé quatre ans plus tard par les autorités cubaines

    Ce n’est que quatre ans plus tard que la justice s’intéresse à lui. Jean-Louis Autret est interpellé à La Havane et interrogé, avant d’être placé en détention provisoire, à la prison des étrangers de La Condesa, à 70 km de la capitale cubaine.

    Aujourd’hui, Jean-Louis Autret n’est plus soupçonné d’avoir pris part au trafic de drogue. Un juge d’instruction français a rendu son ordonnance de renvoi, dans laquelle il ne retient aucune charge contre le Lorientais d’origine.

    Mais la justice cubaine le soupçonnerait toujours de blanchiment d’argent sale, dans le cadre de son de « gestionnaire de fonds d’investissements dans les Caraïbes ».

    Le prévenu français est défendu par Me Roland Dumas, qui l’a rencontré cet été à Cuba : « Après 625 jours de détention, il est moralement très atteint. »

    Plus d'informations dans le journal Ouest-France

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  • vendredi 17 décembre 2010

    La chaise de Guillermo Fariñas pour le prix Sakharov est restée vide, comme celle de Liu Xiaobo pour le Nobel

    La chaise de Guillermo Fariñas pour le prix Sakharov est restée vide aussi.
    (RSF/IFEX) - Le 14 décembre 2010 - Cinq jours après la cérémonie du prix Nobel de la paix à Oslo en l'absence de son lauréat Liu Xiaobo, la remise du prix Sakharov du Parlement européen aura lieu sans récipiendaire à Strasbourg. Guillermo "El Coco" Fariñas Hernández, journaliste cubain dissident et prix Cyberliberté de Reporters sans frontières en 2006, n'a pas obtenu l'autorisation de sortir du pays. En 2005, déjà, les Dames en blanc - mères, sœurs et filles de prisonniers politiques de l'île - n'avaient pu recevoir le prix Sakharov dont elles étaient récompensées cette année-là avec Reporters sans frontières et l'avocate nigériane Hauwa Ibrahim. Cette situation souligne une nouvelle fois la faiblesse des concessions du régime castriste envers ses opposants.

    "L'invitation officielle du Parlement européen à la remise du prix Sakharov devait m'être envoyée dans un délai d'à peine une semaine par les autorités consulaires de Cuba en France. Or, depuis un mois je n'ai toujours rien reçu. Le document doit être perdu à l'heure qu'il est", vient de nous confier Guillermo Fariñas, qui se remet lentement de "graves séquelles musculaires provoquées par de multiples grèves de la faim". Le fondateur, à Santa Clara, de la petite agence indépendante Cubanacán Press n'en tire cependant aucune amertume. Le plus important pour lui, nous dit-il, est d'avoir échappé à une sortie définitive.

    "Les autorités m'auraient sans doute laissé partir, mais sans possibilité de retour et il n'en était pas question. Je suis cubain et je reste avec le peuple cubain. Pour moi, la seule solution acceptable était une sortie provisoire."

    "Sortie définitive" figure en toutes lettres sur les passeports des dix-huit journalistes arrêtés en mars 2003 - dont notre ancien correspondant Ricardo González Alfonso -, et forcés à l'exil en échange de leur sortie de prison, depuis juillet dernier. La plupart d'entre eux résident maintenant en Espagne.

    Désormais, trois journalistes du "Printemps noir" restent incarcérés en raison de leur refus de quitter Cuba : Pedro Argüelles Morán, Héctor Maseda Gutiérrez et Iván Hernández Carrillo.Pour eux, Reporters sans frontières réclame le droit inconditionnel de vivre librement dans ce pays qui est le leur.

    C'est également le message de Guillermo Fariñas à la réception de son prix. "Un message de réconciliation. Sans rancœur ni haine. Aimons nos ennemis. Il n'y a pas de guerre civile à Cuba mais une révolte pacifique et la promesse d'un changement en profondeur de la société. Je suis une infime partie de cette révolte-là et je reçois le prix Sakharov au nom de tout le peuple cubain. Ce prix m'encourage à poursuivre ce mouvement collectif vers le meilleur des prix : la démocratie totale à Cuba, les droits de l'homme pour tous, même pour ceux qui sont aujourd'hui nos oppresseurs."

    Nous faisons nôtres les propos de Guillermo Fariñas. La société cubaine devra un jour se réconcilier avec elle-même, dans toutes ses composantes. L'effort diplomatique, notamment européen et latino-américain, en faveur du respect des libertés et droits fondamentaux dans l'île, doit continuer.

    C'est pourquoi Reporters sans frontières soutient la position commune de l'Union européenne qui subordonne la normalisation des relations avec Cuba à la reconnaissance effective par le gouvernement de La Havane de ces droits et libertés. Ce même gouvernement a pourtant signé en 2008, - sans les ratifier - les deux pactes de l'ONU sur les droits civils et politiques. L'organisation appelle, en même temps et une nouvelle fois, à la levée de l'embargo imposé à l'île par les Etats-Unis depuis 1962, qui pénalise la population cubaine tout en donnant argument au régime pour ne rien changer. La page de la répression doit se tourner. Et les Cubains décider de leur avenir.

    Source: IFEX

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  • mardi 14 décembre 2010

    L`Autre Cuba


    Le réalisateur Christian Bouchard, marié à une Cubaine depuis plus de 10 ans, ouvre une porte privilégiée sur la réalité de l'autre Cuba. Une réalité qui certes a ses difficultés économiques et politiques mais de laquelle il y a plusieurs leçons a tirer.

    Documentaire intéressant qui présente l`histoire de Cuba passée mais aussi actuelle. Cuba , le vrai Cuba à l`extérieur des centre hôteliers où tout est inclus dans le prix du voyage...

    L'AUTRE CUBA - bande annonce



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  • jeudi 9 décembre 2010

    Des geôles de Castro à l’exil madrilène

    Lester Gonzalez Penton et Misladys en Espagne
    Le couple niche dans un deux-pièces au centre de Mostoles, en banlieue Sud de Madrid. Lester Gonzalez Penton, 33 ans, et sa compagne, Misladys, 26 ans, sont arrivés à Madrid le 13 juillet. Autrefois boulanger à Santa Clara, au centre de Cuba, Lester a goûté dès 1999 au journalisme clandestin, engagé par Radio Marti et le site Cubanet. Jusqu’à la rafle du 18 mars 2003, baptisée "le Printemps noir de Cuba", date fatidique pour 75 dissidents jetés en prison.

    Comme les autres, Lester a passé sept ans et quatre mois dans les geôles du castrisme. Il parle avec douleur de sa détention : cellule sale, rats et cafards, excréments envahissants par temps de pluie, criminels mués en gardiens, visites trop espacées, maladies et kilos perdus. Il a du mal à évoquer sa première femme, qui l’a quittée très vite, le privant aussi de sa fille de 1 an. Il raconte en revanche le coup de fil reçu le 8 juillet dernier en prison : le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, lui demandait au nom du gouvernement s’il acceptait l’exil en Espagne. Comme les autres, Lester aurait voulu vivre libre à Cuba. Sur le passeport de Misladys, sa compagne rencontrée à l’hôpital peu avant le départ, il montre le tampon absurde : "Permis de sortie définitive." Ils ont laissé leurs filles sur l’île. Celle de Lester, restée avec sa mère, a 8 ans ; celle de Misladys, élevée par sa grand-mère, 5 ans. De quoi aiguiser la souffrance de l’exil, vécu comme un bannissement. "Je ne peux pas m’adapter à l’Espagne, confie Lester. Je pense aux amis en prison, à ma famille restée là-bas, à mon pays."

    Depuis juillet 2010, les dissidents cubains graduellement libérés arrivent en Espagne. "Ils sont 54, accompagnés de proches, soit 372 personnes au total", précise Jose Javier Sanchez Espinosa, sous-directeur à la Croix-Rouge, chargée de leur accueil. À Vallecas, un quartier semé de terrains vagues, l’hôtel Welcome abrite les Cubains fraîchement débarqués. Des hommes déboussolés puisque les autorités cubaines les ont conduits directement de la prison à l’aéroport, sans même passer par la case maison.

    "J’aurais aimé rester une semaine dans mon quartier, pour revoir les lieux et les amis", admet Mijail Barzaga Lugo, 43 ans, chauffeur de bus recruté lui aussi par Cubanet. Un "contre-révolutionnaire" condamné en avril 2003 à 15 ans de prison, pour "atteinte à l’intégrité territoriale de l’État" ! Mijail, arrivé en juillet avec dix membres de sa famille, a hâte d’emménager dans l’appartement que la Croix-Rouge a fini par leur dégoter. Il en a assez de l’hôtel Welcome, bruyant avec ses demandeurs d’asile africains et maghrébins, son manque d’intimité et sa nourriture médiocre. À son côté, sa sœur Belkis, 46 ans, opposante détenue un an pour avoir réclamé la libération de prisonniers politiques, se morfond aussi. Son but ? "Continuer de lutter pour faire tomber ce régime." À La Havane, ne faisait-elle pas partie de ces Dames en blanc qui, chaque dimanche, manifestaient sur la Quinta Avenida, dans l’église Santa Rita, un glaïeul à la main ? "Ce prix Sakharov donné aux Dames en blanc en 2005, comme celui attribué à Guillermo Fariñas en 2010, nous aident précieusement. Il est bon que Cuba soit désignée comme une dictature", estime-t-elle.

    Dans l’Espagne frappée par la crise économique, où le taux de chômage atteint 20 %, les Cubains en attente d’un statut de réfugié voient leur avenir en gris. Même si le gouvernement de José Luis Zapatero leur délivre une aide d’environ 500 €, ils ne sont pas sûrs de travailler un jour. "J’attends en vain l’homologation des diplômes universitaires promise par le pouvoir", s’inquiète Alfredo Manuel Pulido Lopez, stomatologue réputé, fondateur d’une agence de presse à Camagüey. Installé en Andalousie, à Jerez de la Frontera, Alfredo n’a pu rester à Madrid faute d’hébergement suffisant. Un problème qui a donné lieu à une bronca des Cubains, critiqués en retour pour leur ingratitude.

    "Le pays, pourtant disposé à les intégrer, a mal vécu ces critiques", reconnaît Julia Fernandez, la directrice d’ACCEM, autre ONG chargée de leur accueil. Il n’empêche : chacun s’interroge sur les raisons qui ont poussé l’Espagne à accueillir les dissidents. "Selon la rhétorique officielle, il s’agit d’accompagner un processus de changement sur l’île. Les raisons sont d’abord culturelles et idéologiques", analyse Orlando Fondevila, 68 ans, un Cubain exilé à Madrid depuis 1997, employé de la Fondation hispano-cubaine, qui organise chaque jeudi des rencontres entre Cubains, et publie leurs livres, tel l’Art de la torture, de Normando Hernandez Gonzalez, un exilé amaigri et déprimé décidé à rejoindre sa famille à Miami. "Libérer les prisonniers du Printemps noir ne veut pas dire changer les lois. À Cuba, il n’y a toujours ni liberté d’expression, ni respect des droits de l’homme", estime une salariée espagnole de la Fondation, Christina Alvarez Barthe. Selon elle et Orlando, l’Union européenne n’a aucune raison de lever la "position commune", en vigueur depuis 1996, qui lie le développement de liens économiques au respect de la démocratie. Si l’UE s’y résignait, l’Espagne serait alors la première à en bénéficier.

    Elena Larrinaga, 55 ans, n’imagine pas non plus l’Europe lever la position commune
    . Le 15 décembre, la présidente de la Fédération des associations de Cubains ira à Strasbourg pour la remise du prix Sakharov à Guillermo Fariñas, absent car interdit de visa. Dans son appartement luxueux du Madrid chic, elle a reçu fin novembre une quinzaine d’exilés cubains autour du cardinal Jaime Ortega de passage à Madrid. L’occasion pour eux de réclamer une amnistie politique, et la liberté de mouvement pour leurs proches.

    "Quelles clairvoyance et noblesse chez ces hommes ! Les forcer à l’exil, ce n’est ni éthique ni logique", juge celle qui rêve, comme ici après la mort de Franco, d’une transition pacifique à Cuba. Un pays soumis à des réformes homéopathiques depuis que Raul Castro a succédé il y a quatre ans à son demi-frère, Fidel, et où 1 million d’emplois publics seront bientôt supprimés. Un pays dans lequel tous les exilés ambitionnent de retourner après l’avènement souhaité de la démocratie. Comme Alejandro Gonzalez Raga, peintre et journaliste, libéré en 2008 après cinq années de captivité à Cuba. À l’instar de nombreux dis­sidents, il est membre du Mouvement chrétien de libération, fondé par Oswaldo Paya, lui aussi Prix Sakharov en 2002. Dans son appartement loué par la communauté de Madrid, partagé avec sa femme et ses trois enfants, désormais espagnols d’adoption, Raga espère même, de loin, contribuer à la chute des Castro. Ne vient-il pas, dans cette optique, de créer l’Observatoire cubain des droits de l’homme ?

    À Madrid, les Cubains libérés arrivent encore au compte-gouttes. Ils trouvent place à l’hôtel Welcome, accueillis par les plus anciens, comme le poète Raul Rivero et sa femme, Blanca Reyes. Parmi eux, Arturo Suarez Ramos, 46 ans, demeuré 23 ans en prison. Accusé de complicité de tentative de détournement d’avion, le jeune homme avait été condamné à mort, avant de voir sa peine commuée en détention à perpétuité. Les négociations entre l’Église et le régime lui ont ouvert la porte de la prison fin octobre.

    Converti à la foi catholique et aux droits de l’homme derrière les barreaux, Arturo, rebelle mais non violent, n’a eu de cesse d’écrire des rapports sous le manteau pour dénoncer les violations des libertés. Un engagement qui lui a valu la sévérité du régime. Le voici libre mais vulnérable, la larme facile, avec sa femme rencontrée il y a trois ans au parloir, et son bébé de 9 mois, le "cadeau de sa vie. D’ici, nous pouvons seulement appuyer ceux qui luttent à l’intérieur du pays, mais notre pouvoir est dérisoire", regrette cet homme au visage émacié, chrétien qui refuse de succomber à la haine, arme de ses "bourreaux".

    Comme lui, Adrian Alvarez Arencibia, 44 ans, affiche une vitalité et une foi incroyables après 26 ans de détention. Ce sportif condamné pour espionnage militaire, forte tête, jamais prêt à renier son combat pour la liberté, vient d’atterrir en Espagne avec neuf membres de sa famille. Assis près de lui sur son lit d’hôtel, près de leurs maigres bagages, son papa septuagénaire, revenu du communisme, dit son espoir teinté de lassitude. "Je désespérais que mon fils sorte de prison. En Espagne ou un jour aux États-Unis, près de ma fille, nous vivrons libres et sans mauvais traitement. C’est déjà beaucoup."

    Corine Chabaud

    Source: La Vie

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  • jeudi 2 décembre 2010

    Paris et Cuba reprennent formellement leur coopération après 7 ans de gel

    L'ambassadeur de France à Cuba, Jean Mendelson (g), et Dagoberto Rodriguez
    La France et Cuba ont repris formellement mardi leur coopération inter-gouvernementale bilatérale qui était suspendue depuis 2003 à la suite d'une vague de répression contre 75 dissidents cubains ayant été pour la plupart libérés.

    La France et Cuba ont repris formellement mardi leur coopération inter-gouvernementale bilatérale qui était suspendue depuis 2003 à la suite d'une vague de répression contre 75 dissidents cubains ayant été pour la plupart libérés.

    Un vice-ministre cubain des Relations extérieures, Dagoberto Rodriguez, et l'ambassadeur de France à Cuba, Jean Mendelson, ont signé une "déclaration sur la reprise de la coopération" qui "marque un pas en avant dans les relations entre la France et Cuba, et exprime la volonté de renforcer leurs liens historiques", selon le texte lu par la partie cubaine au ministère cubain.

    Les deux pays s'engagent à "promouvoir les échanges dans les domaines jugés prioritaires et mutuellement avantageux", tels l'agriculture, la santé, l'environnement, la recherche scientifique, l'enseignement du français et les domaines culturel et artistique.

    Cette reprise s'effectuant dans le "respect des principes consacrés dans le droit international et la Charte des Nations unies", selon le texte diffusé par la France, intervient alors que Cuba a entamé en juillet dernier, sous la médiation de l'Eglise catholique cubaine, la libération progressive des 52 opposants restant sous les verrous de la répression de mars 2003. Onze d'entre eux sont toujours incarcérés mais devraient être relâchés, selon l'Eglise.

    L'Union européenne et Cuba avaient relancé leur coopération en octobre 2008 peu après la levée de sanctions européennes très symboliques - prises contre l'île communiste en 2003 - afin d'encourager le président Raul Castro, qui a formellement succédé en février 2008 à son frère Fidel, à faire des progrès en matière de respect de droits et libertés.

    Oscar Elías Biscet est parmi les onze opposants toujours incarcérés
    Bruxelles doit décider en décembre prochain s'il assouplit ou non sa politique de fermeté à l'égard de Cuba à la lumière des libérations de prisonniers politiques. Cuba devrait encore compter une centaine de détenus politiques à l'issue de ce processus, selon la dissidence.

    Cuba, seul pays du continent dirigé par un parti unique, avait signé en février deux conventions de l'ONU sur les droits politiques et civiques, premier engagement international de Raul Castro. Mais ces textes prévoyant notamment la liberté d'expression et d'association n'ont jamais été mis en application selon les opposants qui sont considérés à La Havane comme des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis.

    A la demande du président français Nicolas Sarkozy, l'ancien ministre socialiste Jack Lang avait fait en février 2009 une mission à Cuba "afin d'explorer les voies d'une normalisation et d'un approfondissement des relations entre Cuba et la France".

    Source: Tribune de Genève

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