jeudi 28 juillet 2011

"Les temps sont durs pour les professionnels de l'indignation"

Les ennemies des mes ennemies, sont mes amis, même si'ls sont des ennemies de son propre peuple. 

Alors que de nombreuses associations avaient appelé à battre le pavé pour manifester contre la guerre en Irak, personne n'ose se mobiliser contre les régimes iranien, syrien et certaines dictatures africaines subsahariennes. Pourquoi?

Il n'y a pas très longtemps de cela. C'était en 2003. A l'appel d'un large éventail d'organisations - altermondialistes, pacifistes, anti-impérialistes - toutes les grandes villes des deux côtés de l'Atlantique, quelques autres aussi, voyaient descendre régulièrement dans la rue des millions de manifestants qui s'indignaient de la « guerre de Bush » contre Saddam Hussein. Une guerre « pour le pétrole», pour faire court.

Répudier la guerre d'Irak, voire la diaboliser comme le fit Michael Moore dans Fahrenheit 9/11, était une question de morale. Quitte pour cela à faire fi des souffrances, ou plutôt du martyre provoqué par un despote qui avait gazé une partie de son peuple, déclaré la guerre à un Etat voisin et envahi un autre, pratiqué, enfin, des tortures insupportables et des assassinats sordides, et qui, à cause de ses exactions, aurait dû être poursuivi et chassé du pouvoir par la communauté internationale. Mais voilà que se réjouir du renversement de Saddam aurait donné l'impression d'approuver la guerre de Bush, ce qui aurait été inadmissible pour les indignés du moment.

Comme il leur aurait été inadmissible, aussi, de faire montre de solidarité envers les Cubains soumis à la férule du régime castriste depuis cinq décennies. Que les dissidents de l'île rouge passent de longues années en prison dans des conditions exécrables, qu'ils sortent de leurs geôles pour prendre le chemin d'un exil forcé, ou pour se faire tabasser dans la rue par des barbouzes, ou pour faire l'objet d'arrestations de courte durée à répétition, cela n'émeut pas les bonnes consciences. Et pour cause : protester contre le régime des frères Castro équivaudrait à faire le jeu des Ricains.

On ferait également le jeu des Etats-Unis, paraît-il, si l'on s'insurgeait avec force contre la répression systématique perpétrée par Beijing sur les Tibétains, les Ouighours et les combattants des droits humains. Le sort de tous ces gens opprimés en Chine se voit passer au compte de pertes et profits de nos protestataires, car le pouvoir chinois a le mérite non négligeable de tenir tête économiquement à l'hyperpuissance américaine.

C'est pour des raisons semblables, pour ne pas aller dans le sens de l'Amérique, que les indignés professionnels n'ont pas organisé une seule manifestation de soutien à ceux qui, depuis 2009 en Iran, et maintenant en Syrie, réclament démocratie et liberté au prix de leurs vies. Logique : comment pourrait-on se rallier à la cause de gens qui ne brûlent pas des effigies de l'Oncle Sam ni des drapeaux israéliens et, pis encore, qui commettent l'affront insupportable, en particulier à Téhéran et à Bengazi, de faire appel à l'aide de l'Occident en général et des Etats-Unis en particulier ?

Manque de chance : l'un des pays du monde arabe qui n'a pas été le théâtre de grandes manifestations contre le pouvoir en place est précisément celui que les professionnels de l'indignation auraient le plus souhaité voir se joindre au mouvement de contestation, c'est-à-dire l'Irak. Histoire de prouver l'inefficacité de la guerre contre Saddam. Or, si la violence sectaire continue à s'y produire - moins que par le passé tout de même - le peuple, lui, n'a pas la motivation pour protester massivement dans la rue. Et pour cause : après le renversement de Saddam, il peut s'exprimer dans les urnes.

L'Afrique subsaharienne n'offre pas, elle non plus, un créneau propice aux indignés. Pourquoi se mettraient-ils à dénoncer l'interminable tyrannie qui détruit le Zimbabwe, alors que son leader suprême, Robert Mugabe, a une place de choix dans le club des anti-occidentaux ? En quel honneur, d'autre part, les indignés auraient-ils réclamé le respect de la volonté populaire en Côte d'Ivoire, alors que cela impliquait le départ d'un « anti-impérialiste », Laurent Gbagbo, au profit d'un Alassane Ouattara choisi par le peuple mais portant le stigmate, aux yeux des indignés, d'avoir travaillé au Fonds monétaire international ?

Remontons enfin vers le Nord, pour rejoindre la foule qui, plusieurs jours durant, avait campé sur la Puerta del Sol à Madrid. Or, cette foule a-t-elle eu un impact sur l'électorat espagnol ? Sans doute, mais pas en tout cas l'impact escompté : lors des élections municipales et régionales qui eurent lieu au moment de la prise de la Puerta del Sol, c'est le centre-droit qui l'emporta.

 Décidément, les peuples ont des priorités, et des soucis, différents de ceux que les professionnels de l'indignation ne cessent d’invoquer.


Fabio Rafael Fiallo

Source: Atlantico


  • Home
  • mercredi 20 juillet 2011

    Cuba: le cinéaste Eduardo del Llano revendique le droit de grève

    Eduardo del Llano.
    Le cinéaste et écrivain cubain Eduardo del Llano a réclamé lundi le respect du droit de grève pour les travailleurs, les étudiants et même pour les dissidents, en jugeant qu'"il était temps de cesser de les considérer systématiquement comme un fléau".

    "Une société moderne et démocratique doit prévoir pour ses citoyens le droit d'exprimer publiquement son mécontentement sans que pour cela on les traite de mercenaires ou d'agents de l'ennemi", estime le cinéaste de 48 ans sur son blog http://eduardodelllano.wordpress.com/.

    Eduardo del Llano, qui se présente comme un "partisan critique" de la Révolution de Fidel Castro, affirme que "contrairement à ce que semble penser notre gouvernement, les manifestations de rue ne sont pas l'expression d'une société affaiblie et désunie. Mais plutôt d'une société humaine".

    "Il serait ridicule aujourd'hui de prétendre que dans notre pays les ouvriers n'ont pas de raison de se plaindre et que les seuls insatisfaits seraient les héritiers de l'antique bourgeoisie", poursuit le scénariste d'"Alicia en el pueblo de maravillas" (Alice au village des Merveilles) de Daniel Diaz Torres, récompensé à la Berlinale en 1991.

    Le droit de grève devrait être réglementé par la loi et "si vous n'êtes pas d'accord, organisez une contre-manifestation, tout autant pacifique, et criez les slogans que vous voulez", ajoute le créateur d'une série de courts-métrages autour du Cubain ordinaire mais inclassable, Nicanor O'Donnell.

    "Quant aux dissidents, il est temps que cesser de les considérer systématiquement comme un fléau et d'accepter qu'ils sont -ou devraient être- partie intégrante de la société civile", poursuit Eduardo del Llano.

    Les autorités cubaines qualifient systématiquement les opposants au régime de "mercenaires" à la solde des Etats-Unis. Le président cubain Raul Castro a néanmoins appelé les Cubains à débattre de tous leurs problèmes et les a encouragés à exprimer leurs opinions "de préférence dans un lieu adéquat, au moment opportun et de manière correcte".

    Source: Comme au Cinema

  • Home
  • jeudi 14 juillet 2011

    Cuba : l'opposition s'organise



    Plus de 40 dirigeants de l'opposition et ex-prisonniers politiques cubains ont remis mercredi à la presse une nouvelle "plate-forme de transition démocratique" pour Cuba, proposant notamment un "dialogue national", de "nouvelles lois" et un "référendum".

    Dans ce projet baptisé "Le Chemin du Peuple", les opposants proposent de "mettre en place un véritable dialogue national et d'entamer un processus de changement sans exclusive, pour que le peuple puisse conserver les avancées qu'il a créées et modifier souverainement ce qu'il a décidé de modifier".

    "Le document a été rédigé par ses signataires, et je suis convaincu qu'il est viable et nécessaire car le message s'adresse à l'ensemble du peuple de Cuba", a déclaré à l'AFP Oswaldo Paya.

    Dans une "proposition de base", le document demande de nouvelles dispositions légales garantissant la liberté d'expression, de presse, d'association, de culte, de migration interne et externe, ainsi que le droit des citoyens à briguer des mandats publics.

    Les opposants proposent également "un référendum pour que le peuple décide souverainement des changements" constitutionnels et légaux et ouvre la voie à "la participation des citoyens sur ce chemin du changement".

    De même, les signataires souhaitent l'organisation d'"un dialogue national et d'élections libres pour tous les mandats publics et pour une Assemblée constituante".

    "Plus qu'un projet politique, je crois qu'il s'agit surtout d'exprimer la volonté de fixer une position commune dans des circonstances précises", a expliqué à l'AFP Manuel Cuesta Morua.

    Pour Elizardo Sanchez, le document "valide un ensemble d'idées qui permettent d'ouvrir un champ de réflexion, mais ce n'est pas une proposition de transition". "C'est un apport positif pour penser le temps de la transition lorsque celui-ci viendra", a-t-il ajouté.

    En un demi-siècle de régime communiste à Cuba, les opposants, considérés par les autorités comme des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis, ont élaboré divers projets et propositions de transition, tous restés lettre morte.

    Le plus connu, le "Projet Varela" -du nom d'un prêtre indépendantiste du 19e siècle-, également élaboré et soutenu par Oswaldo Paya, se présentait comme une pétition pour un référendum d'initiative populaire. Présenté en 2002 au parlement, le projet a été enterré par l'assemblée qui a inscrit dans la constitution le caractère "irrévocable" du socialisme à Cuba.

    Parmi les signataires figurent les opposants les plus connus --Guillermo Fariñas, Laura Pollan, Martha Beatriz Roque, Hector Maceda, Elizardo Sanchez, Oswaldo Paya et Manuel Cuesta Morua-- ainsi que les anciens prisonniers politiques Felix Navarro, Angel Moya, Guido Sigler et Jose Daniel Ferrer.

    Source: Europe1 et AFP

    Le Document (en Espagnol) 

  • Home