mercredi 28 juillet 2010

Cuba: un ex-prisonnier politique part pour les Etats-Unis pour être soigné

"Il reste très peu de temps à ce gouvernement, à cette dictature, et c'est pourquoi je pense que c'est un voyage temporaire", a déclaré à la presse l'opposant juste avant son départ avec son épouse pour Miami (Floride) où réside son frère Miguel, également un ancien prisonnier politique.

Ariel Sigler, 46 ans, qui avait été condamné en 2003 à 20 ans de prison pour ses activités anticastristes, avait été le premier prisonnier politique libéré après la médiation de l'Eglise catholique de Cuba auprès du président Raul Castro. Il souffre depuis 2008 de paraplégie.


L'Eglise avait par la suite annoncé en juillet la libération dans un délai maximal de quatre mois des 52 opposants qui restaient sous les verrous après la vague de répression de mars 2003. Vingt d'entre eux ont jusqu'à présent été libérés et ont été accueillis par l'Espagne.


A l'issue de ce processus de libérations, le plus important sous la présidence de Raul Castro, Cuba devrait compter une centaine de prisonniers politiques, selon la Commission cubaine pour la défense des droits de l'homme, une organisation illégale, mais tolérée par le pouvoir.


Les autorités cubaines considèrent les opposants comme des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo à l'île.

  
Source: L'express






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  • dimanche 25 juillet 2010

    RSF: Entretien avec notre correspondant libéré Ricardo González Alfonso

    Madrid, le 16 juillet 2010, 14 heures, à la cafeteria de l’hôtel Welcome où le gouvernement espagnol a hébergé les dissidents cubains récemment libérés. Parmi eux, 11 journalistes, dont Ricardo González Alfonso, correspondant de Reporters sans frontières, emprisonné avec 74 autres opposants politiques lors du ‘‘Printemps noir’’ du 18 mars 2003 et condamné à 20 ans de prison.

    Voici son témoignage, ses premières impressions et ses projets futurs.

    Quelles sont vos premières émotions en sortant de prison ?
    Je suis à Madrid, mais mon esprit est encore à Cuba. Parfois, dans les discussions, je continue à dire ‘‘ici’’ en parlant de ma patrie. Pour la première fois après sept ans et quatre mois de détention, je peux me réveiller à côté de mon épouse. À la prison, il y avait des visites conjugales, d’abord tous les cinq mois, après, tous les trois mois, et finalement, tous les deux mois. Mais c’était des visites de trois heures. Cela me manquait de me réveiller à côté de ma femme. Pendant mon voyage en avion vers l’Espagne, j’ai vu pour la première fois depuis longtemps un couteau. Un couteau en métal, une chose si peu importante, mais interdite en prison. Cela m’a surpris et presque fait peur. Une autre chose : l’émotion devant mon premier plat chaud depuis sept ans. C’est un mélange de plusieurs petites choses, mais elles peuvent donner une idée de la confusion que l’on ressent dans ces moments, et du besoin que l’on a de s’adapter psychologiquement aux nouvelles circonstances.

    Comment avez-vous vécu votre libération, depuis le moment où vous avez appris la nouvelle jusqu’à votre départ de Cuba ?

    Tout a commencé avec une rumeur à l’Hôpital national des reclus, où je suivais un traitement. Un prisonnier auquel je faisais confiance m’a dit qu’il avait entendu à la radio que le gouvernement avait annoncé la libération de 45 prisonniers. Peu après, à l’hôpital, un autre collègue, Julio César Gálvez (journaliste aussi libéré), m’a confirmé la nouvelle, mais il n’avait pas plus d’informations. Quand je suis retourné dans ma cellule, j’ai demandé le journal la Granma. Il parlait des libérations, mais on ne connaissait pas le nom des prisonniers choisis. Le même jour, jeudi 8 juillet vers 18 heures, j’ai reçu un appel téléphonique du cardinal Jaime Ortega : l’archevêque de La Havane m’a informé que j’étais dans la liste de prisonniers libérés qui voyageraient en Espagne, si j’étais d’accord. Je lui ai expliqué : quand j’ai connu mon épouse Alida, elle voulait émigrer aux Etats-Unis. Moi je ne voulais pas partir. Quelques jours après mon arrestation, Alida a reçu une permission définitive de sortie. Mais elle n’a pas voulu m’abandonner. Elle a refusé le permis et a pris la décision de rester avec moi. C’est clair qu’une décision comme cela crée un engagement très fort entre deux personnes. Quand les libérations ont commencé, au début de l’année 2004, on a parlé une nouvelle fois de ça. Ma libération est arrivée quelques années plus tard, avec une permission de sortie immédiate. Alors, comme je l’avais promis à mon épouse, fidèle à mon engagement et à sa fidélité, nous avons émigré. La première étape a été très dure pour moi, par rapport à mes fils. J’ai deux enfants de mon premier mariage. Quand j’ai pris la décision de partir, mon ancienne épouse ne voulait pas émigrer. Notre enfant le plus jeune ne voulait pas se séparer de sa mère. Avec l’aide de mes amis, j’ai essayé de la convaincre. Finalement, j’ai eu la chance d’émigrer avec mes deux enfants, mon épouse et la mère de mes enfants. Je suis l’un des rares Cubains qui a pu partir entouré de toute sa famille.

    Au moment de votre libération, le cardinal Ortega vous a-t-il donné le choix entre rester ou quitter le pays ?
    Ce n’était pas clair. Mais il m’a précisé que les personnes qui partaient avec moi pourraient rentrer sans autorisation, un fait exceptionnel car tout Cubain qui émigre définitivement doit demander une autorisation pour rentrer dans le pays. Bien sûr, cette disposition est une violation de l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais dans notre pays cela se passe comme ça. Le cardinal m’a aussi expliqué que ma propriété ne serait pas confisquée. Par contre, il m’a demandé de prendre une décision immédiatement.

    Vous deviez donc donner une réponse tout de suite ?
    Oui, immédiatement. Le cardinal m’a expliqué que les démarches seraient faites rapidement, qu’il ne pouvait pas perdre une minute : je devais donner une réponse tout de suite.

    Quelles étaient vos conditions de détention pendant ces sept années ?
    Il y a eu plusieurs étapes. Le processus d’instruction, au total 36 jours – avant et après le jugement –, s’est déroulé à Villa Marista, siège de la Sécurité cubaine. J’étais obligé de dormir dans une cellule murée face à la lumière qui n’était jamais éteinte. L’eau pour boire et pour prendre la douche était rationnée. On subissait des interrogatoires le matin, l’après-midi, le soir, la nuit, alors on dormait peu et par intermittence. C’étaient les conditions jusqu’au jugement. Ensuite, les interrogatoires sont devenus des ‘‘discussions’’ se déroulant le matin et l’après-midi. Nous sommes restés là-bas jusqu’au 24 avril 2003, date à laquelle nous avons été envoyés dans une prison de haute sécurité, Kilo 8, à Camagüey, dans des conditions très sévères. Dans ma cellule, il y avait à côté du lit des petites toilettes à la turque. Il n’y avait pas de place pour une douche, mais seulement pour un tube d’où sortait l’eau qui s’écoulait au-dessus des toilettes. On y prenait le petit-déjeuner, on y mangeait et on y dînait. On y recevait les soins médicaux. Du lundi au vendredi, s’il ne pleuvait pas, on sortait dans un couloir pour prendre le soleil. Si j’écartais les bras, je touchais les murs. C’était comme une cellule, mais au lieu d’avoir un toit il y avait des grilles. À midi je prenais le soleil, sinon, je ne recevais que quelques rayons. Notre situation a ensuite changé et j’ai vécu trois mois sans électricité. Puis trois mois avec la lumière toujours allumée.

    Tout cela, à Camagüey ?
    Oui, je parle toujours de la prison Kilo 8 de Camagüey, à 533 kilomètres de La Havane, où habitait ma famille. Le dernier mois, on a pu allumer et éteindre la lumière, un grand avantage. J’ai alors écris un livre de poésie, “Hombre sin rostro” (Homme sans visage), qui reflète les atrocités que j’ai vécues dans cet endroit à cause de mes idéaux, de ma volonté de défendre la liberté d’expression, mon quotidien et celui des autres prisonniers. J’ai été puni pour ce livre. Ils m’ont envoyé dans une zone spéciale où se trouvent les prisonniers les plus dangereux de Cuba, ceux qui ne sont admis dans aucune autre prison. De sorte que, dans le centre pénitencier de Camagüey, il n’y avait personne originaire de Camagüey : tous venaient d’autres provinces. Un jour, l’un d’eux m’a avoué que trois d’entre eux étaient là pour me harceler. Ils étaient envoyés par la Sécurité de l’Etat pour me faire souffrir. Afin de mettre un terme à ce châtiment j’ai entamé une grève de la faim pour demander aux autorités de me traiter comme les autres détenus. Ensuite j’ai été transféré dans une autre prison, celle d’Aguica, dans la province de Matanzas, où mes conditions de santé ont empiré. Ils m’ont amené plusieurs fois à l’Hôpital national des reclus, où j’ai subi trois interventions chirurgicales. Puis, à partir du 7 décembre 2004, je suis resté à Combinado del Este, à La Havane. D’abord, j’étais dans le Bâtiment 2, ensuite, je suis rentré à l’hôpital. Finalement, nous avons été expulsés parce qu’on avait organisé une manifestation. Pendant les trois dernières années de ma détention, j’étais tout seul dans une cellule grâce à des protestations, des menaces de grève de la faim, et la campagne internationale menée par ma femme. Je suis aussi arrivé à obtenir de meilleures conditions de détention pour d’autres prisonniers de droit commun : la possibilité d’avoir la porte de la cellule ouverte de 6 heures à 18 heures, d’avoir de la lumière et de pouvoir l’allumer et l’éteindre. Le reste était la rigueur de n’importe quelle autre prison, en prenant en compte le fait que je refusais de porter l’uniforme des prisonniers de droit commun car je n’en étais pas un. Je m’habillais donc en civil. C’est la raison pour laquelle ils ont appréhendé ma sœur quand elle est venue de New York me rendre visite. A son arrivée à l’aéroport José Martí de La Havane, la police politique cubaine a fait pression sur elle pour qu’elle me convainque de porter l’uniforme de prisonnier de droit commun. La pression psychologique a été si forte qu’elle s’est évanouie. Elle avait 71 ans.

    Et les conditions d’hygiène ?
    Il y a eu plusieurs étapes. Par exemple, quand j’étais dans la cellule murée à Camagüey, puni pour ma grève de la faim, le sol grouillait de rats. Cela faisait partie de la punition. Dans ma cellule, les toilettes étaient accolées à mon lit. Sous les toits – je l’ai vu dans toutes les prisons où j’ai été, sans exception – il y avait une humidité impressionnante. Les prisonniers faisaient des canaux avec des sacs plastiques attachés pour que les fuites des conduits ne tombent pas sur nous quand nous étions en train de dormir ou de manger. Dans les deux dernières cellules où j’étais, l’humidité était permanente, l’eau coulait des murs.

    De quelle manière cela a-t-il affecté votre santé ?
    Bon, je ne supporte pas l’humidité. J’avais besoin de suivre un traitement antihistaminique permanent. Je souffre aussi de migraine, donc je prenais des analgésiques. De plus, je suis rentré dans la prison à 53 ans et j’en suis ressorti à 60. Logiquement, toute cette humidité a empiré mon arthrose.

    Le suivi médical était-il satisfaisant ?
    J’ai eu un traitement privilégié comparé aux prisonniers de droit commun, et même par rapport aux autres prisonniers politiques.

    Que pensez-vous de la politique de libération de prisonniers menée par le gouvernement cubain ?
    Le gouvernement cubain s’est sans doute vu obligé d’entamer des négociations pour ces libérations. Une série d’évènements a débuté avec la mort d’Orlando Zapata Tamayo : la grève de la faim de Guillermo Fariñas, la lutte des Dames en blanc (Damas de Blanco) dans les rues de La Havane, le soutien de plusieurs organisations internationales et des exilés politiques, la pression de certains gouvernements démocratiques de différentes régions du monde et la situation économique très critique. Tous ces éléments ont crée une situation favorable. Quand le dialogue entre l’Eglise catholique et le gouvernement de Raúl Castro a commencé, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos, est intervenu en tant qu’observateur pour faciliter la libération des prisonniers du ‘‘Printemps noir’’ de 2003, afin qu’ils puissent partir en Espagne. J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour les prisonniers qui ont pris la décision de ne pas quitter Cuba, et ce, malgré les pressions du gouvernement. Le régime ne les a pas libérés avant nous, nous qui avons décidé d’émigrer, et ceci est significatif. Si un prisonnier doit émigrer comme nous l’avons fait, directement de la prison à l’aéroport, il faut remplir une série de formalités et de contrôles médicaux. Cependant, quand il faut libérer un prisonnier qui veut rester à Cuba, il suffit d’ouvrir la porte. Il y a sept ans, ils ont arrêté 75 hommes en 72 heures. Maintenant, ils décident d’en libérer 52, et dix d’entre eux veulent rester dans le pays. Le peuvent-ils ? Je me suis toujours demandé pourquoi le gouvernement ne les libérait pas, car il me semble plus simple de libérer ceux qui veulent rester que ceux qui veulent partir. Il est incroyable que soient encore en prison ceux qui ont pris la décision de rester dans leur patrie. Je crains qu’ils soient pris comme garants pour faire pression sur l’Union européenne quand, en septembre, elle prendra la décision de lever ou non les mesures communes prises contre le gouvernement cubain.

    Que faut-il pour que la situation à Cuba change de façon radicale ?
    Personne n’a pas de baguette magique. La seule chose que l’on observe c’est la coïncidence de différents facteurs : une crise économique, l’affaiblissement d’une politique autoritaire qui ne satisfait pas les besoins humain, l’épuisement et l’aggravation des inégalités sociales, les pressions internes et externes. Tous ces facteurs s’additionnent. Je ne suis pas prophète, simplement journaliste et poète. Mais il existe des circonstances propices pour que se produise lentement un changement. Ce mot, changement, est dans l’esprit de tous les membres de la société cubaine. Pas seulement de l’opposition, mais aussi des dirigeants du gouvernement. Mais ils veulent le changement uniquement dans le but de sauver un moribond, alors que l’opposition et la société civile veulent un changement pour la démocratie.

    Quels sont vos projets pour cette nouvelle étape de votre vie, pour la première fois si loin de votre pays ?
    Je n’ai pas encore de statut clair : toutes les formalités sont en cours. Mais j’aimerais connaître le plus tôt possible les circonstances dans lesquelles ma famille et moi pourrons rester en Espagne. La lutte par la liberté d’expression, pour la liberté de mes collègues a commencé dès notre arrivée à l’aéroport de Madrid. Nous avons et nous aurons toujours les mêmes revendications : la liberté de tous les prisonniers politiques est indispensable. C’est un préalable à la complète démocratisation de Cuba, qui est finalement l’unique garantie pour qu’un homme soit libre.
    Interview réalisée par Alessandro Oppes, de la section espagnole de Reporters sans Frontières.

    Source:  RSF


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  • jeudi 22 juillet 2010

    Cuba: Ariel Sigler, ex-détenu politique, paraplégique, autorisé à partir pour Miami

    Les autorités cubaines ont délivré une autorisation de voyage à Ariel Sigler, un ex-prisonnier politique paraplégique libéré en juin, qui quittera Cuba le 28 juillet pour les Etats-Unis où il sera soigné, a annoncé mercredi une opposante cubaine.

    "Il voyagera mercredi prochain (28 juillet), pour l'heure il part seul", a déclaré l'opposante Martha Beatriz Roque à l'AFP.

    Elle a expliqué qu'Ariel Sigler, 46 ans, devenu paraplégique en prison où il purgeait depuis 2003 une peine de 20 ans pour ses activités anticastristes, lui avait rendu visite à son domicile mercredi, après être allé réserver son billet d'avion pour les Etats-Unis.

    Elle a précisé que l'opposant, qui souffre de maladies chroniques, notamment de polyneuropathie (atteinte du système nerveux périphérique), de problèmes digestifs et rénaux, "recevra un traitement médical à l'hôpital Jackson de Miami", en Floride (sud-est des Etats-Unis).

    Ariel Sigler, remis en liberté le 12 juin, a été le premier détenu politique libéré dans le cadre d'une médiation de l'Eglise catholique cubaine auprès du président Raul Castro. Il avait reçu huit jours plus tard un visa à titre humanitaire de la part Etats-Unis avant d'entamer les démarches en vue de son départ.

    Il s'était plaint que le gouvernement cubain "retarde" la délivrance de l'autorisation de voyage, se mettant notamment violemment en colère lundi dans un bureau des services d'émigration. Cuba a finalement accordé l'autorisation mardi, après une intervention du cardinal Jaime Ortega pour que La Havane accélère la procédure.

    Son épouse, Noelia Pedraza, avait indiqué mardi à l'AFP qu'Ariel Sigler allait s'installer "définitivement" aux Etats-Unis, où réside son frère Miguel, lui aussi ancien détenu politique.

    A la suite du dialogue historique entre l'Eglise et le régime cubain, La Havane a annoncé début juillet la libération progressive de 52 prisonniers sur les 75 (dont Sigler) condamnés en 2003.

    Les libérations ont commencé mi-juillet.
    Source: LePopulaire


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  • lundi 19 juillet 2010

    Cuba : Castro fait l'intéressant alors que les dissidents libérés racontent

    Les réapparitions répétées deFidel Castro -samedi 17 juillet, quand il se réunit avec des ambassadeurs cubains pour les entretenir des « graves dangers » d'une agressioncontre l'Iran ou la Corée du Nord, il s'agit de sa cinquième activité publique en neuf jours- relèvent d'une décision tactique et, peut-être, d'une vision stratégique à plus longterme. L'une et l'autre sont inquiétantes.

     

    Un rideau de fumée, alors que les dissident arrivent en Espagne

    Commençons par la tactique, qui fut celle du rideau de fumée, de la diversion médiatique, alors que commençaient à arriver à Madrid les premiers prisonniers politiques libérés parRaul Castro après une négociation avec l'église catholique et le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos.
    Alors que les premiers prisonniers cubains racontaient l'horreur de leurs incarcérations et leur refus d'être traités comme des « immigrants » alors qu'ils ont le sentiment d'avoir été « déportés », Fidel vaticinait sur les périls du monde etle plaisirs des dauphins dans les aquariums.
    Ses apparitions déclenchèrent des débats qui ont occupé la presse et Internet pendant quelques jours, glosant sur la bonne forme physique et la prétendue vivacité intellectuelle de Fidel -sans vraiment nous donner la preuve de l'une ou de l'autre- et sur le fait que son nouveau survêtement n'étaitplus un Nike mais un Adidas.
    Pendant ce temps-là, plusieurs prisonniers libérés racontaient -mais les avons-nous entendus ? - les conditions de leur détention à Maite Rico. Le quotidien El Pais a publié un article extraordinaire dans l'édition du 14 juillet :
     »Les prisons cubaines sont des établissements inhumains », raconte ainsi Ricardo Gonzalez, 60 ans, correspondant de Reporters sans frontières dans l'île et l'un des 75 dissidents emprisonnés au printemps 2003 : « Des gens entassés, la fuite des égouts, des cellules où les prisonniers défèquent dans un trou à coté duquel ils dorment. »
    Mais cela,ajoute-t-il, c'est le régime commun à tous les prisonniers. Pour les 75, dont certains avaient été condamnés à des peines de 28 ans, le gouvernement avait prévu le régime de « sévérité maximum ».
    Lui-même fut ainsi détenu pendant trois mois dans un mitard avec la lumière allumée 24 heures sur 24.Lester Gonzalez, un autre dissident âgé de 33 ans, fut par contre enfermé dans un cube d'1,80 m sans lumière. Il ne sortait qu'un moment chaque jour au soleil, du lundi au vendredi.
    Ces prisonniers furent placés dans les prisons les plus éloignées de leurs domiciles. « Nous recevions une visite tous les trois mois, raconte toujours Ricardo Gonzalez, et les visites conjugales deux fois par an. »
    Lui qui vivait à La Havane fut emprisonné dans un établissement distant de 533 kilomètres de la capitale, soit un voyage très compliqué pour sa famille, dans un pays où les transports sont problématiques. 

    « Il est très mal. Ils l'ont cassé psychologiquement »

    Pablo Pacheco, 40 ans, évoque quant à lui la situation terrible des droits communs, dont personne ne se préoccupe, alors que les politiques pouvaient compter sur un soutien de la communauté internationale. Il fut le témoin d'automutilations et de tentatives de suicide.
    Il parle aussi des séquelles physiques de certains dissidents libérés, celles de José Luis Garcia Paneque, notamment, un chirurgien spécialiste des soins aux brûlés, condamné à vingt-quatre ans pour avoir dirigé une agence de presse indépendante, victime d'une infection parasitaire et de dénutrition et qui perdit 40 kilos durant sa détention.
    Les séquelles psychologiques sont également terribles. Ainsi l'économiste Antonio Villareal, qui n'est pas sorti de sa chambre d'hôtel, où sont logés les arrivants, non loin de l'aéroport de Madrid. « Il est très mal », dit de lui Pacheco : « Ils l'ont cassé psychologiquement. » 

    'La libération d'otages séquestrés »

    Ces premiers témoignages évoquent un passage direct de la prison à l'avion. En sortant de leurs cellules, ils furent transférés trois jours dans un hôpital carcéral de La Havane, « où ils nous ont donné à manger du poulet, et où il y avait l'air conditionné, comme si en trois jours ils pouvaient effacer les sept ans durent lesquelles nous ne fumes plus traités en êtres humains », déclare Ricardo Gonzalez.
    L'homme ajoute cette phrase terrible : « Nous nous sentons bannis. C'est ça la réalité.“Pour l'écrivaine cubaine Zoe Valdes, qui était l'aéroport de Madrid, ces libérations suscitent à la fois ‘joie et douleur, car pour être libre tu dois quitter ton pays’.
    Pour Oswaldo Paya, un dissident en liberté à La Havane, à l'origine du ‘ Projet Valera ’ qui avait organisé en 2002 une pétition populaire pour amender la constitution cubaine dans un sens démocratique, ces libérations apparaissent pour ce qu'elles sont : celles ‘ d'otages séquestrés ’.

    Et les autres détenus ? Moratinos joue les Ponce Pilate

    Fidel Castro en s'exhibant soudain dans un tel contexte, a non seulement tenté d'occulter ces récits tragiques mais il a aussi cherché à masquer la réalité d'un autre débat qui a surgi dès les premiers instants et qui devra bien trouver, tôt ou tard, une conclusion : que faire des dissidents qui refuseront l'exil ?
    Alorsque onze prisonniers étaient déjà arrivés à Madrid, Miguel Angel Moratinos annonçait, le 17 juillet, que neuf autres dissidents libérés arriveraient mardi 20 en Espagne. Il restera donc encore 32 prisonniers libérables.
    Un groupe d'une dizaine d'entre eux refusent, d'après des sources qui leur sont proches, de partir en exil. On ne sait pas s'ils seront libérés et autorisés à rester dans l'île, ou s'ils courent le risque de rester en prison. ‘Nous verrons’, a répondu Moratinos. ‘Ce qui est sûr c'est que ceux qui viendront en Espagne seront libérés.’ Voici Ponce-Pilate à la tête de la diplomatie espagnole.

    Deux hypothèses pour interpréter la stratégie de Fidel

    Une dernière réflexion sur les apparitions de Fidel, qui concerne l'éventuelle stratégie de ce dernier face aux réformes que semble envisager Raul.
    Une première lecture est qu'il appuie son frère et vient occuper la scène pour occulter, à l'étranger mais surtout à Cuba, les récits gênants sur la situation des prisonniers, voire l'humiliation officielle de se résoudre à accepter de libérer des reclus dissidents dont, il y a peu encore, on niait l'existence même.
    Fidel ferait alors ‘ l'idiot utile ’ dans cette histoire en visitant un aquarium et en agitant une nouvelle fois la crainte d'une conflagration mondiale.
    C'est possible, mais ça semble tout de même assez improbable. Une autre lecture peut-être faite, et elle est celle d'un désaccord entre Fidel et Raul. Ce dernier, par pragmatisme,serait prêt à engager des réformes depuis longtemps nécessaires et la libération des prisonniers politiques en serait le prix à payer à la communauté internationale pour les mener à bien.
    Fidel, plus idéologue, ou plus sensible à l'histoire, ou simplement plus psychorigide que son frère, s'y opposerait. Il tenterait alors, par ces apparitions multiples, de reconquérir sa place dans l'opinion de l'île et sur la scène mondiale.
    Qu'elles soient un rideau de fumée ou l'annonce de divisions entre les deux frères, les apparitions de Fidel Castro sont aussi maladroites que calamiteuses.
    Dans le premier cas, elles suggèrent de la part des deux Castro une volonté de dissimulation à l'heure de l'ouverture, une ruse grossière pour détourner l'attention, et elles augurent mal des réformes à venir. Dans le second cas, elles suggèrent le refus de ces réformes par Fidel, et pour Raul, le choix d'un conflit fraternel ou du repli.

    Michel Faure

    Source:  Rue89


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  • samedi 17 juillet 2010

    Pedro Arguelles, dissident cubain, en direct de la prison de Canaletas

    Depuis quelques jours, le gouvernement cubain a commencé à libérer au compte goutte des prisonniers politiques. C'est une bonne nouvelle, mais elle demande a être précisée : les opposants qui ont accepté de se rendre en Espagne pour sortir de prison indiquent qu'ils sont, en fait, déportés ; s'ils retournent à Cuba, ils peuvent être remis en prison à tout moment. Le Ministre espagnol des Affaires Etrangères avait affirmé qu'ils s'étaient rendu en Espagne de leur propre volonté.
    Le reste de ce texte est la retranscription d'une interview téléphonique du dissident Pedro Arguelles, réalisée par la blogueuse cubaine Yoani Sanchez. Pedro Arguelles, qui a refusé de quitter le pays, n'a pas été libéré.

    L'interview peut s'écouter ici. Retranscription. En anglais.

    Yoani Sánchez: Quelle est ta situation actuelle ? Où es-tu et de quoi t'a-t-on informé ?

    Pedro Argüelles: Je suis dans la prison provinciale de Canaletas à Ciego de Avila. Et ce dont on m'a informé, c'est que, le samedi 1o juillet, on m'a emmené au bureau du directeur de la prison, et on m'a passé au téléphone l'archevêque de La Havane, le Cardinal Jaime Ortega. Il m'a informé que j'étais sur une liste de ceux qui pouvait partir pour l'Espagne si j'acceptais de partir. J'ai dit queje n'avais aucun intérêt à abandonner ma patrie. Il m'a demandé aussi pour ma femme, si ça pouvait l'intéresser. J'ai dit non. Très bien, m'a-t-il dit, je vais transmette et il a dit au revoir. C'est tout ce qu'on m'a dit, ils ne m'ont rien dit d'autre, je suis là et j'attends la suite des évènements.

    Yoani Sánchez: Pedro, est-ce que tu penses que ces libérations vont renforcer ou affaiblir le mouvement dissident et le journalisme indépendant à Cuba ?

    Pedro Argüelles: Eh bien, écoute, si ça va le renforcer ou l'affaiblir, je ne peux rien en dire car je suis enfermé ici depuis 7 ans et demi. Je sais qu'il y a de nouveaux groupes, je sais qu'il y a de nouveaux journalistes indépendants, qui poursuivent la lutte civique. Je pense que cela ne va pas l'affaiblir, car de toute façon il y a des forces nouvelles, comme le disait notre apôtre José Marti. Et depuis 1976, quand la toute première cellule du Comité cubain pour les Droits de l'Homme a été crée dans la prison de Combinado del Este, c'était la première cellule et on a pu arriver jusque là aprce qu'il y a constamment eu des personnes qui nous ont rejoints, des gens qui se sont investis, qui sont morts, de nouvelles personnes qui se sont arrivées sur la scène publique. Donc je pense que finalement, la loi qui stipule que tout le monde a le droit et la liberté de décider pour soi même, cette loi s'applique, je n'ai absolument rien contre les frères qui veulent partir, c'est leur décision souveraine, c'est leur liberté. Je me réfère à la pensée de Marti "c'est la responsabilité d'un homme d'être où il est le plus utile". Je crois que là où je suis le plus utile, c'est ici, que c'est l'endroit où je dois combattre pour les droits et la liberté inhérentes à la dignité de la personne humaine et c'est ici que je veux être. Je ne veux être nulle part ailleurs, ici en première ligne du combat contre le régime totalitaire castriste.

    Yoani Sánchez:  Et que fera Pedro Argüelles une fois qu'il sera libéré de la prison de Canaletas ?

    Pedro Argüelles: Je continuerai ce que j'ai commencé à la mi-1992 quand j'ai rejoint le Comité Cubain pour les Droits de l'Homme et poursuivi en 1998 en fondant la Coopérative des Journalistes Indépendants de Ciego de Avila. Je continuerai à dénoncer les violations des Droits de l'Homme et mon combat pour la presse indépendante. Dans le but de parvenir au but espéré et pour lequel nous souffrons, la transition vers une démocratie à Cuba.

    Source: LePost
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  • « Rats et excréments » : la vie dans les prisons cubaines


    La dissidence évoque également le drame des « automutilations ».

    Les prisonniers politiques cubains arrivés ces derniers jours en Espagne après une vague de libérations ont dressé, à Madrid, un tableau effroyable de la vie dans les prisons de l'île communiste. « Nous avons vécu parmi les rats, les blattes, les scorpions et les excréments », a déclaré Julio Cesar Alvarez, journaliste de radio havanais de 65 ans, qui purgeait, avant sa libération, une peine de 15 ans de prison pour avoir collaboré clandestinement avec des médias américains. « Les conditions d'hygiène et de santé sont pires que mauvaises », a-t-il souligné lors d'une conférence de presse avec cinq autres ex-détenus politiques, libérés dans le cadre du processus de libérations le plus important depuis que Raul Castro a pris la relève de son frère Fidel, il y a quatre ans. La nourriture y est particulièrement repoussante. « Le bouillon s'appelait bouillon de la girafe, parce qu'on tirait le cou comme l'animal pour voir ce qu'il y avait dedans », a témoigné M. Alvarez.
    L'humidité et les infiltrations d'eau dans les cellules où s'entassent 36 à 40 prisonniers sont constantes, a rapporté pour sa part Ricardo Gonzalez, 60 ans, condamné à 20 ans de prison pour avoir été le correspondant clandestin sur l'île de l'organisation Reporters sans frontières (RSF). « Nous devions improviser des gouttières avec du plastique pour que les eaux usées et les infiltrations ne tombent pas sur nous », a-t-il expliqué. « L'architecture des prisons est indescriptible, digne de Kafka. »
    Pour le journaliste clandestin Normando Hernandez, 40 ans, qui purgeait une peine de 25 ans avant sa libération, le problème le plus grave dans les prisons sont les « automutilations ». Il a vu un prisonnier s'immoler par le feu, d'autres se mettre de l'urine dans les yeux, du pétrole sur le corps pour qu'on s'occupe d'eux, qu'on les soigne ou simplement pour qu'on réponde à leurs demandes.
    Pour M. Gonzalez, le régime castriste a accepté ce processus de libération de 52 détenus politiques afin de convaincre l'Union européenne (UE) de mettre fin à sa politique de « position commune » qui conditionne ses relations avec La Havane au respect des droits de l'homme et aux progrès de la démocratie.
    Les conditions d'accueil en Espagne, dans un hôtel « économique » de la grande banlieue de Madrid, avec toilettes sur le palier et chambres bruyantes, ont, parallèlement, suscité les critiques des dissidents. « Je n'ai pas l'intimité dont j'aurais besoin pour être avec ma fille et ma femme que je n'ai pas vues depuis sept ans », a déclaré M. Hernandez. « Nous sommes ici en Espagne dans un vide juridique », a souligné M. Galvez, car les dissidents ne sont pas entrés en Espagne en tant que réfugiés politiques, même s'ils ont la possibilité ensuite d'engager des démarches pour demander ce statut. 



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  • jeudi 15 juillet 2010

    Anniversaire du naufrage du remorqueur 13 de Marzo


    Le 19 juillet 1994, au petit matin, quatre vedettes cubaines équipés de
    lances à eau ont attaqué un vieux remorqueur, "le 13 de marzo", fuyant
    Cuba avec 72 personnes à bord. Les faits se sont produits à sept milles
    de distance des côtes cubaines, en face du port de La Havane. La plainte
    indique aussi que les vedettes ont éperonné le remorqueur fugitif dans
    l'intention de le faire couler, en même temps qu'elles inondaient d'eau
    sous pression toutes les personnes qui se trouvaient sur le pont du
    navire, dont des femmes et des enfants.

    Les supplications des femmes et des enfants en train de se noyer ont été
    sans effet et provoquèrent l'hilarité des équipages cubains. La vieille
    embarcation "13 de Marzo". L'intervention de la marine cubaine fit
    41 morts, dont 10 enfants.

    Mais ce n'étaient que de dangereux terroristes à la solde de la CIA et
    de la mafia de Miami. Encore un glorieux fait d'armes des forces armées
    cubaines...

    Chronique du massacre du remorqueur "13 de Marzo"
    Aleida Duran. CONTACTO Magazine, 14 juillet, 1997

    La scène dantesque n'était pas encore terminée. Il y avait encore des
    bruits de moteurs, des tourbillons, des cris d'angoisse demandant du
    secours, des gens luttant avec les eaux pour ne par être avalés par
    elles. Mais le pire était arrivé. Les jets d'eau et les remorqueurs
    s'étaient arrêtés et un canot torpilleur des garde-frontières
    commençait les manoeuvres de sauvetage.

    "Ils me jetaient une corde et lorsque j'étais sur le point de
    l'attraper, ils me la retiraient et riaient. Finalement, j'ai pu
    l'attraper et ils m'ont hissé à bord", raconte Jorge Alberto
    Hernandez Avila, 33 ans, l'un des survivants.

    Il était 9 heures du matin le 13 juillet 1994 à la sortie de la baie de
    La Havane. 41 personnes, parmi elles 23 enfants venaient de mourir sur
    le remorqueur 13 de Marzo, dans une opération dirigée par des officiers
    du gouvernement cubain.

    Le 7 mars 1995, la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU réunie à
    Genève, a approuvé la motion présentée par les Etats-Unis condamnant
    Cuba pour violation des droits de l'homme.

    Deux mois plus tard, le 2 mai, le gouvernement des Etats-Unis annonçait
    an accord avec le gouvernement de Cuba pour rendre à celui-ci ceux qui
    essaieraient de fuir de l'île. Sept jours après, le 9 mai, une
    embarcation des US Coast Guards remettait à des fonctionnaires du
    gouvernement cubain les premières des 13 personnes arrêtées en pleine
    mer.

    La distance entre La Havane et la Floride est de 90 milles (165km) et se
    fait en 45 minutes, mais pour Hernandez, le but, les Etats-Unis, lui a
    coûté 15 ans, plusieurs tentatives pour commencer le voyage, deux
    arrestations et deux expériences traumatiques. La première d'entre
    elles, lorsqu'il vit mourir dans le remorqueur 13 de Marzo quelques-uns
    de ceux qui avaient été ses amis.

    Hernandez pense participer à la flottille que des groupes d'exilés
    cubains organisent pour s'approcher près de la baie de La Havane, le
    13 juillet de cette année, qui a été déclaré par le Comté de Dade,
    Floride, Jour du Génocide Cubain. Ils commémoreront l'anniversaire
    de la date tragique.

    Hernandez est ce ceux que rien n'arrête pour obtenir ce qu'ils veulent.
    Et ce qu'il a voulu le plus depuis son adolescence a été d'arriver aux
    Etats-Unis.

    A 18 ans il a été l'un des 1000 cubains qui en 1980 sont entré dans
    l'ambassade du Pérou à Havane. Il est sorti pour accompagner chez elle
    une femme enceinte qui est tombée malade et, ensuite, quand il a essayé
    d'y renter de nouveau, il n'a pas pu.

    Il assure qu'il y eut d'autres tentatives, souvent infructueuses, pour
    fuir. Ensuite il a travaillé pendant 15 ans dans l'Entreprise de
    Navigation Mambisa, comme conducteur d'un camion remorque qui
    transportait le ravitaillement des bateaux dans les principaux ports de
    l'île.

    Le lundi 18 avril 1994, lui et 12 de ses amis partirent dans le camion
    remorque juqu'à Coralillo, Las Villas, en transportant un canot qu'ils
    avaient construit pour fuir de Cuba. L'idée était de descendre
    l'embarcation et qu'un autre ami non impliqué dans le voyage rentre
    avec lui à La Havane. Mais au bord de l'eau le véhicule lourd s'est
    enlisé et ils l'ont laissé là.

    Déjà sur la mer, le moteur du canot est tombé en panne et ils sont
    restés deux jours perdus. En rentrant sur la terre ferme, ils se sont
    dispersés. Ceux qui restèrent à Las Villas furent arrêtés. Hernandez
    se présenta le 22 à son travail et assura qu'on lui avait volé le camion
    remorque.

    Le manque de coordination entre les commandements à Cuba l'ont
    probablement sauvé d'une longue prison: les autorités de La Havane n'ont
    pas vu de relation entre Hernandez et le camion remorque trouvé à Las
    Villas au bord de la côte, ni avec les hommes arrêtés dans cette
    province. J'ai été arrêté pendant 11 jours, mais ils l'ont seulement
    licencié pour "ne pas préserver les biens de l'état".

    Pendant ses 15 ans dans l'Entreprise Mambisa, Hernandez avait fait la
    connaissance de Fidencio Ramel Prieto, chef des opérations du port de La
    Havane. Ils se retrouvèrent et après quelques essais, Hernandez avait
    appris qu'il planifiait une fugue avec Raul Munoz, capitaine du
    remorqueur 13 de Marzo. Il fut inclus dans le petit groupe initial de
    conspirateurs.

    Les détails de la fuite de 72 personnes, la persécution des embarcations
    du gouvernement, les puissants jets d'eau avec des tuyaux à haute
    pression, ont déjà été racontés.

    Contacto, dans son édition du mois de mai 1995, a publié une version de
    la tragédie par le survivant Sergio Perodin, qui avait témoigné devant
    un comité du Congrès des Etats-Unis en février 1995, devant la
    Commission des Droits de l'Homme de l'ONU en mars de cette année là,
    et devant deux sub-commissions du Congrès de Venezuela en avril.

    Hernandez dit que l'épouse de Perodin, Pilar Almanza, a été l'une des
    premières à mourir lorsqu'une des vedettes cubaine a délibérément
    éperonné l'arrière du 13 de Marzo, en l'enfonçant jusqu'à la moitié, et
    en piégeant environs 30 personnes dans la soute du remorqueur.

    Perodin avait pu rester à flot avec son fils Sergio, s'accrochant à lui.
    Janet Hernandez, épouse de Modesto Almanza, un frère de Pilar, portait
    l'autre fils de Perodin, Yasser, 11 ans. Pendant environ 90 minutes les
    3 vedettes Polargo du gouvernement cubain ont tourné à grande vitesse
    autour des naufragés qui essayaient de se maintenir à flot: les
    tourbillons que les Polargo provoquaient absorbaient les gens et les
    objets sur la superficie de la mer, tandis que les jets d'eau lancés
    avec des tuyaux de haute pression abattaient les réfugiers sur le pont
    du remorqueur, surtout des enfants et des femmes. "Je n'oublierai jamais
    les rires sur les vedettes".

    "D'un coup, le fils de Perodin a été arraché des bras de sa tante et a
    disparu dans l'eau. Cette dernière, en état de choc, est restée sans
    bouger avec une petite chaussure de l'enfant à la main", raconte
    Hernandez.

    Janet, qui survécut avec son époux, est une femme décidée. Ce fut elle
    qui plus tard, à La Havane, s'est mise en contact avec Marilyn Esposito
    et Nelson Torres, deux opposants au régime, qui ont fait qu'elle a pu
    raconter l'odyssée. Sa narration enregistrée fut le premier témoignage
    qui a pu être sorti de Cuba.

    Selon la narration que Jorge Hernandez a donné à Contacto, il a vu
    comment les gens se noyaient et mouraient autour du lui. C'était des
    hommes, des femmes et des enfants qui peu d'heures auparavant avaient
    l'espoir d'atteindre la liberté sur les côtes de Floride. Parmi les
    noyés figurent Ramel Prieto, Munoz Garcia, sa fiancée et la famille
    de celle-ci.

    "D'autres étaient sur le point de se noyer. Comme j'avais été maître
    nageur à Cuba, j'en ai aidé quelques-uns. J'ai jeté ma bouée de
    sauvetage au sculpteur Gustavo Barzaga del Pino. Plus tard, lorsque tous
    les deux nous étions à Guantanamo, il a fait une sculpture représentant
    le naufrage du 13 de Marzo", dit Hernandez.

    Apparemment, les marins cubains suspendirent leurs jeux macabres
    lorsqu'ils se rendirent compte que l'équipage et des passagers d'un
    navire batant pavillon grec observait et filmait la scène, à une
    distance de seulement environ 800 mètres.

    Un torpilleur des garde-côtes qui avait suivi le 13 de Marzo depuis le
    début et dont les officiers avaient observé impassibles le massacre,
    s'est alors approché des survivants pour les repêcher.

    De même que les autres hommes du groupe, Hernandez a été arrêté pendant
    environ 20 jours à Villa Marista, siège de la Sûreté de l'Etat.

    "Ils disaient que cela avait été un accident provoqué par nous et que
    nous allions payer pour les morts. Comme pour beaucoup d'autres, ils
    voulaient m'obliger à déclarer que cela avait été "un accident". Ils
    m'apportaient les journaux dans lesquels apparaissaient des déclarations
    d'autres survivants. Ensuite, après 22 jours ils se sont rendu compte
    qu'ils ne pouvaient pas me convaincre et m'ont laissé partir",
    raconte-t-il.

    Les autorités cubaines ont averti les survivants qu'il ne pouvait plus
    sortir de la province, se réunir avec d'autres groupes d'opposants, ni
    participer à des fêtes, en dehors de chez eux. Ils devaient pointer de
    façon périodique à la Sûreté de l'Etat.

    Source:  Mara Jade Skywalker


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  • lundi 12 juillet 2010

    Cuba : la promesse de libérer des opposants saluée


    La Haute commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme, Navi Pillay, a salué vendredi l’annonce faite par Cuba de son intention de libérer de 52 prisonniers politiques et a souhaité que cette décision soit suivie par d’autres avancées en matière des Droits de l’homme.
    « Cela sera particulièrement une bonne nouvelle quand la libération prévue de ces 52 personnes aura effectivement eu lieu », a souligné un porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Rupert Colville.
    Mme Pillay « espère que cela marque le début d’une série d’avancées significatives pour faire progresser la protection des Droits de l’homme à Cuba », a-t-il ajouté.
    Mme Pillay a aussi salué avec soulagement l’annonce par le défenseur des Droits de l’homme Guillermo Farinas de l’interruption, au moins pour un certain temps, de sa grève de la faim en réponse à ce développement positif.
    Selon la presse, les autorités de Cuba ont promis à l’Eglise catholique de libérer 52 prisonniers politiques, ce qui constituerait le plus grand nombre de dissidents relâchés par le gouvernement depuis la visite dans l’île du pape Jean Paul II en 1998. Cinq prisonniers doivent être remis en liberté dans un premier temps et envoyés en exil en Espagne, tandis que les autres doivent recouvrer la liberté au cours des trois ou quatre prochains mois.

    Source: Toulouse7

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  • vendredi 9 juillet 2010

    Les restrictions à la liberté d’expression créent un climat de peur à Cuba


    À Cuba, le système judiciaire répressif instaure un climat de peur parmi les journalistes, les blogueurs, les dissidents et les militants en leur faisant courir le risque d’être victimes d’actes de harcèlement ou d’arrestations arbitraires de la part des autorités, écrit Amnesty International dans un rapport publié mercredi 30 juin. 

     Ce rapport, intitulé Restrictions on Freedom of Expression in Cuba, met en relief certaines dispositions législatives et pratiques gouvernementales qui imposent des restrictions sur les informations fournies aux médias et qui sont utilisées pour arrêter et poursuivre des centaines de détracteurs du gouvernement. 

    « La formulation des lois est si vague que pratiquement n’importe quel acte marquant une opposition au régime en place peut être considéré comme criminel, ce qui rend très difficile pour les militants de s’élever contre le gouvernement. Des réformes doivent être adoptées de toute urgence pour faire de tous les droits humains une réalité pour tous les Cubains », a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. 

    Yosvani Anzardo Hernández, directeur du journal en ligne Candonga
    Il est l’un des nombreux journalistes indépendants cubains à avoir été arbitrairement arrêtés et interrogés, et à avoir subi des actes d’intimidation de la part des autorités.
    En septembre 2009, il a été détenu arbitrairement pendant 14 jours avant d’être libéré sans inculpation. Cette fois-là, la police a également confisqué son ordinateur, sur lequel était hébergé le site internet du journal, et coupé sa ligne téléphonique.
    Bien que Yosvani Anzardo Hernández se soit résigné à abandonner la publication du journal, il ne comprend toujours pas pourquoi le site a été fermé. « Nous espérions que le gouvernement comprendrait que nous ne faisions qu’exercer un droit, nous ne faisions de mal à personne, a déclaré le journaliste. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour parler de ce qui se passe dans le pays. [Les autorités] ont considéré que c’était dangereux. »
    L’État cubain détient un monopole presque total sur les médias et exige en outre que chaque journaliste adhère à l’association nationale des journalistes, elle-même contrôlée par le parti communiste.
    D’autre part, les autorités ont mis en place des filtres qui limitent l’accès à certains blogs critiquant ouvertement le gouvernement, et les libertés fondamentales font l’objet de restrictions.
    La Constitution cubaine va plus loin encore dans la restriction de la liberté d’expression, puisqu’elle précise qu’« [a]ucune des libertés reconnues aux citoyens ne peut être exercée contre ce qui est établi par la Constitution et les lois, ni contre l’existence et les fins de l’État socialiste, ni contre la décision du peuple cubain d’édifier le socialisme et le communisme ». 

    Le code pénal prévoit tout un ensemble de chefs d’accusation à la formulation vague, tels que « dangerosité sociale », « propagande ennemie », « rébellion », « diffamation d’institutions nationales » ou « impression clandestine », pouvant être utilisés pour réprimer la dissidence.
    Certaines dispositions de la Loi n° 88 relative à la protection de l’indépendance nationale et de l’économie cubaine servent également à étouffer la critique et à sanctionner les dissidents qui travaillent avec des médias étrangers.
    Le système judiciaire n’étant ni indépendant, ni impartial, les personnes qui critiquent le gouvernement constatent qu’un nombre illimité d’agissements peuvent être considérés comme criminels, et elles subissent des procès souvent iniques et sommaires.
    Les autorités cubaines prétendent ne détenir aucun prisonnier politique mais, à la connaissance d’Amnesty International, au moins 53 prisonniers d’opinion sont toujours incarcérés dans le pays pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion. 

    Pablo Pacheco Avila, l’un des 75 dissidents arrêtés lors du « Printemps noir », une vague de répression qui a eu lieu en 2003, a été condamné à 20 ans d’emprisonnement pour avoir rédigé des articles pour des journaux étrangers et électroniques, accordé des entretiens à des stations de radio étrangères et diffusé des informations sur Internet. 

Bien que certains prisonniers d’opinion aient été libérés pour des raisons de santé, comme Ariel Sigler Amaya en juin 2010, la plupart d’entre eux, notamment Pablo Pacheco Avila, sont toujours en prison. 

    Le gouvernement cubain a tenté de justifier son incapacité à protéger les droits humains en rejetant la faute sur les conséquences néfastes de l’embargo imposé par les États-Unis. 

    « Il est évident que l’embargo américain a eu un impact négatif sur le pays mais cela ne saurait justifier les violations des droits humains de la population cubaine, a déclaré Kerrie Howard. Le gouvernement doit trouver des solutions pour mettre un terme à ces atteintes, plutôt que des excuses pour les commettre. »
    Amnesty International exhorte le gouvernement cubain à abroger ou amender les dispositions législatives qui limitent illégalement la liberté d’expression, à mettre un terme au harcèlement des dissidents, à libérer tous les prisonniers d’opinion et à autoriser le libre échange d’information par le biais d’Internet et d’autres médias. 

    « La libération de tous les prisonniers d’opinion et la fin du harcèlement des dissidents sont des mesures que le gouvernement cubain doit prendre immédiatement et sans condition », a déclaré Kerrie Howard. 

    « Afin d’honorer ses engagements en faveur des droits humains, Cuba doit en outre démanteler tous les mécanismes de répression construits au fil des décennies et mettre en œuvre les réformes nécessaires pour faire des droits humains une réalité pour tous les Cubains. »

    Source: 

Amnesty International


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  • mercredi 7 juillet 2010

    Cuba: Un gréviste de la faim risque de mourir


    Le dissident cubain Guillermo Farinas, en grève de la faim depuis 130 jours pour obtenir la libération de prisonniers politiques malades, est en "possible danger de mort" en raison d'un caillot de sang dans une veine du cou, ont averti samedi les autorités cubaines. Dans une interview publiée par le quotidien officiel Granma, le médecin qui soigne l'opposant a déclaré qu'il y avait un "possible danger de mort" en raison de la présence d'un "caillot de sang dans la veine jugulaire gauche". L'état du patient dépend de l'évolution de ce caillot qui "peut se dégager à tout moment, passer dans le coeur puis dans les poumons où il peut provoquer une embolie pulmonaire qui peut tuer une personne", a expliqué le Docteur Armando Caballero, chef du service des soins intensifs à l'hôpital Arnaldo Milian de Santa Clara.

    Source: Europe1 


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