samedi 17 juillet 2010

Pedro Arguelles, dissident cubain, en direct de la prison de Canaletas

Depuis quelques jours, le gouvernement cubain a commencé à libérer au compte goutte des prisonniers politiques. C'est une bonne nouvelle, mais elle demande a être précisée : les opposants qui ont accepté de se rendre en Espagne pour sortir de prison indiquent qu'ils sont, en fait, déportés ; s'ils retournent à Cuba, ils peuvent être remis en prison à tout moment. Le Ministre espagnol des Affaires Etrangères avait affirmé qu'ils s'étaient rendu en Espagne de leur propre volonté.
Le reste de ce texte est la retranscription d'une interview téléphonique du dissident Pedro Arguelles, réalisée par la blogueuse cubaine Yoani Sanchez. Pedro Arguelles, qui a refusé de quitter le pays, n'a pas été libéré.

L'interview peut s'écouter ici. Retranscription. En anglais.

Yoani Sánchez: Quelle est ta situation actuelle ? Où es-tu et de quoi t'a-t-on informé ?

Pedro Argüelles: Je suis dans la prison provinciale de Canaletas à Ciego de Avila. Et ce dont on m'a informé, c'est que, le samedi 1o juillet, on m'a emmené au bureau du directeur de la prison, et on m'a passé au téléphone l'archevêque de La Havane, le Cardinal Jaime Ortega. Il m'a informé que j'étais sur une liste de ceux qui pouvait partir pour l'Espagne si j'acceptais de partir. J'ai dit queje n'avais aucun intérêt à abandonner ma patrie. Il m'a demandé aussi pour ma femme, si ça pouvait l'intéresser. J'ai dit non. Très bien, m'a-t-il dit, je vais transmette et il a dit au revoir. C'est tout ce qu'on m'a dit, ils ne m'ont rien dit d'autre, je suis là et j'attends la suite des évènements.

Yoani Sánchez: Pedro, est-ce que tu penses que ces libérations vont renforcer ou affaiblir le mouvement dissident et le journalisme indépendant à Cuba ?

Pedro Argüelles: Eh bien, écoute, si ça va le renforcer ou l'affaiblir, je ne peux rien en dire car je suis enfermé ici depuis 7 ans et demi. Je sais qu'il y a de nouveaux groupes, je sais qu'il y a de nouveaux journalistes indépendants, qui poursuivent la lutte civique. Je pense que cela ne va pas l'affaiblir, car de toute façon il y a des forces nouvelles, comme le disait notre apôtre José Marti. Et depuis 1976, quand la toute première cellule du Comité cubain pour les Droits de l'Homme a été crée dans la prison de Combinado del Este, c'était la première cellule et on a pu arriver jusque là aprce qu'il y a constamment eu des personnes qui nous ont rejoints, des gens qui se sont investis, qui sont morts, de nouvelles personnes qui se sont arrivées sur la scène publique. Donc je pense que finalement, la loi qui stipule que tout le monde a le droit et la liberté de décider pour soi même, cette loi s'applique, je n'ai absolument rien contre les frères qui veulent partir, c'est leur décision souveraine, c'est leur liberté. Je me réfère à la pensée de Marti "c'est la responsabilité d'un homme d'être où il est le plus utile". Je crois que là où je suis le plus utile, c'est ici, que c'est l'endroit où je dois combattre pour les droits et la liberté inhérentes à la dignité de la personne humaine et c'est ici que je veux être. Je ne veux être nulle part ailleurs, ici en première ligne du combat contre le régime totalitaire castriste.

Yoani Sánchez:  Et que fera Pedro Argüelles une fois qu'il sera libéré de la prison de Canaletas ?

Pedro Argüelles: Je continuerai ce que j'ai commencé à la mi-1992 quand j'ai rejoint le Comité Cubain pour les Droits de l'Homme et poursuivi en 1998 en fondant la Coopérative des Journalistes Indépendants de Ciego de Avila. Je continuerai à dénoncer les violations des Droits de l'Homme et mon combat pour la presse indépendante. Dans le but de parvenir au but espéré et pour lequel nous souffrons, la transition vers une démocratie à Cuba.

Source: LePost
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