jeudi 15 juillet 2010

Anniversaire du naufrage du remorqueur 13 de Marzo


Le 19 juillet 1994, au petit matin, quatre vedettes cubaines équipés de
lances à eau ont attaqué un vieux remorqueur, "le 13 de marzo", fuyant
Cuba avec 72 personnes à bord. Les faits se sont produits à sept milles
de distance des côtes cubaines, en face du port de La Havane. La plainte
indique aussi que les vedettes ont éperonné le remorqueur fugitif dans
l'intention de le faire couler, en même temps qu'elles inondaient d'eau
sous pression toutes les personnes qui se trouvaient sur le pont du
navire, dont des femmes et des enfants.

Les supplications des femmes et des enfants en train de se noyer ont été
sans effet et provoquèrent l'hilarité des équipages cubains. La vieille
embarcation "13 de Marzo". L'intervention de la marine cubaine fit
41 morts, dont 10 enfants.

Mais ce n'étaient que de dangereux terroristes à la solde de la CIA et
de la mafia de Miami. Encore un glorieux fait d'armes des forces armées
cubaines...

Chronique du massacre du remorqueur "13 de Marzo"
Aleida Duran. CONTACTO Magazine, 14 juillet, 1997

La scène dantesque n'était pas encore terminée. Il y avait encore des
bruits de moteurs, des tourbillons, des cris d'angoisse demandant du
secours, des gens luttant avec les eaux pour ne par être avalés par
elles. Mais le pire était arrivé. Les jets d'eau et les remorqueurs
s'étaient arrêtés et un canot torpilleur des garde-frontières
commençait les manoeuvres de sauvetage.

"Ils me jetaient une corde et lorsque j'étais sur le point de
l'attraper, ils me la retiraient et riaient. Finalement, j'ai pu
l'attraper et ils m'ont hissé à bord", raconte Jorge Alberto
Hernandez Avila, 33 ans, l'un des survivants.

Il était 9 heures du matin le 13 juillet 1994 à la sortie de la baie de
La Havane. 41 personnes, parmi elles 23 enfants venaient de mourir sur
le remorqueur 13 de Marzo, dans une opération dirigée par des officiers
du gouvernement cubain.

Le 7 mars 1995, la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU réunie à
Genève, a approuvé la motion présentée par les Etats-Unis condamnant
Cuba pour violation des droits de l'homme.

Deux mois plus tard, le 2 mai, le gouvernement des Etats-Unis annonçait
an accord avec le gouvernement de Cuba pour rendre à celui-ci ceux qui
essaieraient de fuir de l'île. Sept jours après, le 9 mai, une
embarcation des US Coast Guards remettait à des fonctionnaires du
gouvernement cubain les premières des 13 personnes arrêtées en pleine
mer.

La distance entre La Havane et la Floride est de 90 milles (165km) et se
fait en 45 minutes, mais pour Hernandez, le but, les Etats-Unis, lui a
coûté 15 ans, plusieurs tentatives pour commencer le voyage, deux
arrestations et deux expériences traumatiques. La première d'entre
elles, lorsqu'il vit mourir dans le remorqueur 13 de Marzo quelques-uns
de ceux qui avaient été ses amis.

Hernandez pense participer à la flottille que des groupes d'exilés
cubains organisent pour s'approcher près de la baie de La Havane, le
13 juillet de cette année, qui a été déclaré par le Comté de Dade,
Floride, Jour du Génocide Cubain. Ils commémoreront l'anniversaire
de la date tragique.

Hernandez est ce ceux que rien n'arrête pour obtenir ce qu'ils veulent.
Et ce qu'il a voulu le plus depuis son adolescence a été d'arriver aux
Etats-Unis.

A 18 ans il a été l'un des 1000 cubains qui en 1980 sont entré dans
l'ambassade du Pérou à Havane. Il est sorti pour accompagner chez elle
une femme enceinte qui est tombée malade et, ensuite, quand il a essayé
d'y renter de nouveau, il n'a pas pu.

Il assure qu'il y eut d'autres tentatives, souvent infructueuses, pour
fuir. Ensuite il a travaillé pendant 15 ans dans l'Entreprise de
Navigation Mambisa, comme conducteur d'un camion remorque qui
transportait le ravitaillement des bateaux dans les principaux ports de
l'île.

Le lundi 18 avril 1994, lui et 12 de ses amis partirent dans le camion
remorque juqu'à Coralillo, Las Villas, en transportant un canot qu'ils
avaient construit pour fuir de Cuba. L'idée était de descendre
l'embarcation et qu'un autre ami non impliqué dans le voyage rentre
avec lui à La Havane. Mais au bord de l'eau le véhicule lourd s'est
enlisé et ils l'ont laissé là.

Déjà sur la mer, le moteur du canot est tombé en panne et ils sont
restés deux jours perdus. En rentrant sur la terre ferme, ils se sont
dispersés. Ceux qui restèrent à Las Villas furent arrêtés. Hernandez
se présenta le 22 à son travail et assura qu'on lui avait volé le camion
remorque.

Le manque de coordination entre les commandements à Cuba l'ont
probablement sauvé d'une longue prison: les autorités de La Havane n'ont
pas vu de relation entre Hernandez et le camion remorque trouvé à Las
Villas au bord de la côte, ni avec les hommes arrêtés dans cette
province. J'ai été arrêté pendant 11 jours, mais ils l'ont seulement
licencié pour "ne pas préserver les biens de l'état".

Pendant ses 15 ans dans l'Entreprise Mambisa, Hernandez avait fait la
connaissance de Fidencio Ramel Prieto, chef des opérations du port de La
Havane. Ils se retrouvèrent et après quelques essais, Hernandez avait
appris qu'il planifiait une fugue avec Raul Munoz, capitaine du
remorqueur 13 de Marzo. Il fut inclus dans le petit groupe initial de
conspirateurs.

Les détails de la fuite de 72 personnes, la persécution des embarcations
du gouvernement, les puissants jets d'eau avec des tuyaux à haute
pression, ont déjà été racontés.

Contacto, dans son édition du mois de mai 1995, a publié une version de
la tragédie par le survivant Sergio Perodin, qui avait témoigné devant
un comité du Congrès des Etats-Unis en février 1995, devant la
Commission des Droits de l'Homme de l'ONU en mars de cette année là,
et devant deux sub-commissions du Congrès de Venezuela en avril.

Hernandez dit que l'épouse de Perodin, Pilar Almanza, a été l'une des
premières à mourir lorsqu'une des vedettes cubaine a délibérément
éperonné l'arrière du 13 de Marzo, en l'enfonçant jusqu'à la moitié, et
en piégeant environs 30 personnes dans la soute du remorqueur.

Perodin avait pu rester à flot avec son fils Sergio, s'accrochant à lui.
Janet Hernandez, épouse de Modesto Almanza, un frère de Pilar, portait
l'autre fils de Perodin, Yasser, 11 ans. Pendant environ 90 minutes les
3 vedettes Polargo du gouvernement cubain ont tourné à grande vitesse
autour des naufragés qui essayaient de se maintenir à flot: les
tourbillons que les Polargo provoquaient absorbaient les gens et les
objets sur la superficie de la mer, tandis que les jets d'eau lancés
avec des tuyaux de haute pression abattaient les réfugiers sur le pont
du remorqueur, surtout des enfants et des femmes. "Je n'oublierai jamais
les rires sur les vedettes".

"D'un coup, le fils de Perodin a été arraché des bras de sa tante et a
disparu dans l'eau. Cette dernière, en état de choc, est restée sans
bouger avec une petite chaussure de l'enfant à la main", raconte
Hernandez.

Janet, qui survécut avec son époux, est une femme décidée. Ce fut elle
qui plus tard, à La Havane, s'est mise en contact avec Marilyn Esposito
et Nelson Torres, deux opposants au régime, qui ont fait qu'elle a pu
raconter l'odyssée. Sa narration enregistrée fut le premier témoignage
qui a pu être sorti de Cuba.

Selon la narration que Jorge Hernandez a donné à Contacto, il a vu
comment les gens se noyaient et mouraient autour du lui. C'était des
hommes, des femmes et des enfants qui peu d'heures auparavant avaient
l'espoir d'atteindre la liberté sur les côtes de Floride. Parmi les
noyés figurent Ramel Prieto, Munoz Garcia, sa fiancée et la famille
de celle-ci.

"D'autres étaient sur le point de se noyer. Comme j'avais été maître
nageur à Cuba, j'en ai aidé quelques-uns. J'ai jeté ma bouée de
sauvetage au sculpteur Gustavo Barzaga del Pino. Plus tard, lorsque tous
les deux nous étions à Guantanamo, il a fait une sculpture représentant
le naufrage du 13 de Marzo", dit Hernandez.

Apparemment, les marins cubains suspendirent leurs jeux macabres
lorsqu'ils se rendirent compte que l'équipage et des passagers d'un
navire batant pavillon grec observait et filmait la scène, à une
distance de seulement environ 800 mètres.

Un torpilleur des garde-côtes qui avait suivi le 13 de Marzo depuis le
début et dont les officiers avaient observé impassibles le massacre,
s'est alors approché des survivants pour les repêcher.

De même que les autres hommes du groupe, Hernandez a été arrêté pendant
environ 20 jours à Villa Marista, siège de la Sûreté de l'Etat.

"Ils disaient que cela avait été un accident provoqué par nous et que
nous allions payer pour les morts. Comme pour beaucoup d'autres, ils
voulaient m'obliger à déclarer que cela avait été "un accident". Ils
m'apportaient les journaux dans lesquels apparaissaient des déclarations
d'autres survivants. Ensuite, après 22 jours ils se sont rendu compte
qu'ils ne pouvaient pas me convaincre et m'ont laissé partir",
raconte-t-il.

Les autorités cubaines ont averti les survivants qu'il ne pouvait plus
sortir de la province, se réunir avec d'autres groupes d'opposants, ni
participer à des fêtes, en dehors de chez eux. Ils devaient pointer de
façon périodique à la Sûreté de l'Etat.

Source:  Mara Jade Skywalker


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