Guillermo Farinas arrêté par la police de Castro. |
Hausse des arrestations pour motifs politiques, réformes économiques réduisant le nombre d'emplois... La Commission cubaine des droits de l'Homme et de réconciliation nationale (CCDHRN), illégale mais tolérée, s'inquiète pour l'avenir, craignant des manifestations qui pourraient être durement réprimées. La situation de l'opposant cubain Guillermo Farinas, prix Sakharov 2010 pour la liberté de pensée du Parlement européen, illustre le propos. Il a été libéré hier après avoir été arrêté la veille pour la deuxième fois en 24heures, a annoncé sa mère Alicia Hernandez. «Il est rentré à la maison. Ils l'ont libéré. Il est fatigué, mais ça va», a-t-elle affirmé. Interpellé durant sept heures mercredi, Guillermo Farinas a été arrêté de nouveau jeudi après-midi place de la Révolution, en plein centre de Santa Clara, alors qu'il se dirigeait avec une douzaine d'opposants vers un poste de police pour protester contre la détention d'autres militants, selon sa mère. Elle vit avec son fils, un ancien militaire de 49ans, psychologue et cyberjournaliste, qui affirme avoir mené 23 grèves de la faim depuis les années 1990.
Nombreuses détentions de courte durée
La CCDHRN avait prédit une détention de courte durée la veille. Pour son président, Elizardo Sanchez, le gouvernement pratique une «répression de faible intensité» contre l'opposition, en procédant à de nombreuses détentions de courte durée. La police a justifié l'arrestation par le «scandale public» que les opposants auraient provoqué en s'en prenant aux autorités, lors de la tentative de déloger une famille qui occupait illégalement un logement, avait-il précisé. Dans son rapport annuel publié jeudi, la CCDHRN juge que «la situation actuelle des droits de l'Homme est très défavorable, avec une nette tendance à empirer à court et moyen terme», même si le nombre de prisonniers politiques est tombé à 105 à la fin de l'année, contre 201 en janvier2010. Elle a enregistré 2.074 arrestations arbitraires pour motifs politiques en 2010 contre 870 en 2009. Les perspectives sont «inquiétantes», estime la CCDHRN, en raison de «l'absence de volonté politique des plus hautes instances pour introduire des réformes mettant fin à l'inacceptable criminalisation de l'exercice des droits civiques, politiques, économiques et culturels».
«Voyage vers nulle part»
«Aux mains d'une poignée de dirigeants octogénaires et erratiques qui ont toujours sous-évalué l'importance cruciale des droits civiques, Cuba semble entamer une nouvelle étape de son? voyage vers nulle part ?», conclut le rapport. La commission estime que les réformes économiques lancées par le gouvernement de Raul Castro, qui incluent notamment l'élimination de 500.000 emplois publics et de divers subsides, «pourrait conduire à une augmentation des manifestations de mécontentement des citoyens, auxquelles le régime répondra par une répression pure et dure, et conduire à davantage de violations des droits civils, politiques, économiques et sociaux».
Source: Le Télégramme