Le dissident cubain Arnaldo Ramos a critiqué dimanche le gouvernement communiste et promis de poursuivre ses activités politiques, au lendemain de sa libération, la première au sein d'un groupe de prisonniers politiques qui refusent de partir en exil.
|
Le dissident cubain Arnaldo Ramos (G) chez lui, après sa libération de prison, le 13 novembre 2010 à La Havane avec sa femme Lidia Lima |
"Je vais poursuivre les mêmes activités que je menais avant d'être emprisonné, qui ne sont pas criminelles mais d'opposition", a déclaré M. Ramos, économiste de 68 ans, venu assister dimanche à une messe à La Havane, en compagnie des Dames en Blanc, groupe d'épouses de détenus d'opinion.
"On a commencé à relâcher le noeud et nous espérons que les douze (prisonniers politiques encore détenus) seront libérés au cours des prochains jours", a déclaré à l'AFP Laura Pollan, leader des Dames en Blanc.
"Même si c'est un peu tardif, c'est un pas positif", qui "laisse espérer que les autres vont être rapidement libérés", a abondé l'économiste Oscar Espinosa, incarcéré en 2003 avec M. Ramos et libéré un an plus tard pour raisons de santé.
M. Ramos, qui assure avoir été libéré sans condition, était le doyen des 75 dissidents condamnés en 2003 à des peines allant de six ans à 28 ans de prison. Il avait lui-même été condamné à 18 ans d'incarcération.
A l'issue de négociations historiques avec le pouvoir, l'Eglise catholique avait annoncé le 7 juillet la libération dans un délai maximum de quatre mois des 52 derniers prisonniers politiques encore incarcérés à la suite de cette vague de répression.
A la fin de ce délai, le 7 novembre, 39 d'entre eux avaient été libérés et envoyés en Espagne avec leur famille.
Les 13 restants refusaient l'exil ou une libération qui soit conditionnelle.
L'un d'entre eux, Luis Ferrer, a cependant finalement accepté d'émigrer et sera libéré prochainement, selon l'opposition.
"Ferrer est en train de voyager à La Havane pour ensuite partir en Espagne", a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, qui dirige la Commission cubaine des droits de l'homme, organisation illégale mais tolérée.
Quelques heures après sa libération, M. Ramos a critiqué les réformes annoncées par le gouvernement communiste, qui prévoit de supprimer 500.000 emplois publics d'ici mars et d'ouvrir un peu le petit secteur privé pour relancer une économie exsangue en réduisant les dépenses et en augmentant la productivité.
"Je ne crois pas que l'on fasse quoi que ce soit qui puisse changer la situation. On va passer de la stagnation au chaos s'il n'y a pas au moins une véritable ouverture économique, même si elle devrait aussi être politique", a déclaré M. Ramos, fondateur de l'Institut cubain d'économistes indépendants.
Cet organisme illégal est dirigé par la dissidente Martha Beatriz Roque, seule femme à avoir été condamnée en 2003, et libérée en 2004 pour raisons de santé.
Après l'expiration du délai de quatre mois annoncé pour les libérations, les Dames en blanc ont rencontré le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, le nonce apostolique et des diplomates de l'ambassade d'Espagne et de celle de Belgique, pays qui exerce actuellement la présidence tournante de l'Union européenne.
"Ils nous ont dit d'être patientes, ils nous ont assuré que tous ceux du groupe des 75 allaient être libérés", a déclaré la leader des Dames en blanc, Prix Sakharov 2005 du Parlement européen pour la liberté de pensée.
Les opposants sont considérés à Cuba comme des mercenaires à la solde des Etats-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo à l'île.
L'île devrait encore compter une centaine de prisonniers politiques au terme de la libération promise des "52", selon la dissidence.
Source:
AuFait
Home