lundi 19 septembre 2011

Cuba: la publicité fait une timide percée face aux slogans révolutionnaires

Publicité d'un restaurant à  La Havane.

Encore timide, la publicité commerciale commence à rivaliser sur les murs de La Havane avec les slogans et fresques révolutionnaires, au rythme du développement des petits commerces encouragés par le régime.

Loin de l'agression visuelle des grandes capitales mondiales, La Havane et ses 2,2 millions d'habitants font une discrète irruption dans le monde des enseignes, annonces et panneaux qui incluent même -grande nouveauté- des éclairages au néon.

Les plus audacieux sont souvent les "paladars", les petits restaurants privés qui poussent comme des champignons avec l'ouverture au secteur privé prônée par les autorités et qui s'efforcent de se distinguer face à la concurrence.

"La publicité est associée au capitalisme, mais pour nous ce n'est pas du capitalisme, cela se fait en Chine et dans d'autres pays socialistes", justifie Javier Acosta qui a ouvert son "Partenon" en janvier.

Pour apposer sur sa façade l'enseigne lumineuse de 90 cm de diamètre qui annonce son restaurant, Javier paye 600 pesos (18 euros) par mois au service fiscal, après avoir obtenu une autorisation de l'administration qui gère le développement urbain.

"Avant, on n'avait pas besoin de s'annoncer. On était très peu de restaurants, nos clients étaient des habitués qui n'avaient pas besoin de repère. On était le seul restaurant du quartier, aujourd'hui, il y a une vraie concurrence", explique de son côté Arnel, un serveur du restaurant "Decameron", ouvert depuis une douzaine d'années.

Jusqu'à ces derniers mois, pour aller dans un restaurant privé, chez un coiffeur, trouver un cordonnier ou une couturière, il fallait à La Havane écouter "radio bemba", le simple bouche-à-oreille où s'échangent les bonnes adresses.

Sur les murs, seuls fleurissaient les slogans révolutionnaires: "tout pour la Révolution", "Défendons le socialisme", "Travail, discipline et rigueur"...

Aujourd'hui, apparaissent des petits panneaux vantant les mérites des petits entrepreneurs. Pas toujours dans la concision: "Elégance par principe; A chaque visite, un petit cadeau; si vous venez manger quatre fois, la cinquième ce sera gratuite; si vous attendez votre plat plus de 50 minutes, il sera gratuit", explique la carte de visite apposée à l'entrée d'un petit restaurant du quartier de Vedado.

D'autres publicités se font discrètement sur le capot d'une voiture garée devant la boutique: une clé annonce un serrurier, une paire de ciseaux un coiffeur...

"Pour l'instant, il n'existe toujours pas la publicité dans les médias, c'est pour ça que les panneaux sont si importants", explique Gisel Nicolas, qui vient d'ouvrir son paladar à l'enseigne de "La Galeria".

Officiellement, la publicité commerciale a été autorisée en 1994 à l'occasion d'une première ouverture de l'économie cubaine à l'initiative privée. Il s'agissait alors de sortir le pays de la faillite dans laquelle l'avait précipitée la chute du bloc soviétique qui soutenait à bout de bras l'économie cubaine.

Au tournant du siècle, un tour de vis et un retour à l'orthodoxie communiste avait pratiquement mis fin à cette ouverture, réduisant les petites entreprises privées à une peau de chagrin.

Dans le cadre des 300 réformes adoptées au printemps par un historique congrès du Parti communiste de Cuba (PCC), le président Raul Castro a autorisé l'ouverture au secteur privé de 178 petits métiers: en quelques mois les travailleurs indépendants sont passés de 148.000 à plus de 350.000, dont un quart dans la restauration.

Très fier de son enseigne lumineuse, Javier reste réaliste: "comme tous les Cubains, je sais que la meilleure promotion reste +radio bemba+".


Source: Challenges


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  • lundi 5 septembre 2011

    Cuba: Procession historique à Madruga

    La Vierge de la Charité pendant la procession.

    Pour la première fois en près de 60 ans, une procession menant la statue de la sainte patronne de Cuba, la Vierge de la Charité d'El Cobre, de l'est de l'île jusqu'à la capitale La Havane, a été autorisée cet été par le régime castriste. «Le moment est venu pour l'archevêché de La Havane d'accueillir la Vierge de la Charité», a déclaré dimanche le cardinal Jaime Ortega, chef de l'Eglise catholique cubaine depuis 30 ans, à l'arrivée de la statue à Madruga, à 65 km à l'est de la capitale cubaine.

    La procession était partie le 8 août de Santiago de Cuba, dans l'extrême est de l'île, pour parcourir un millier de kilomètres, et les festivités entourant cet événement dureront jusqu'au 30 décembre lorsque la statue retournera dans son sanctuaire d'El Cobre.

    La seule autre procession comparable de la sainte patronne avait eu lieu au début des années 1950 pour le 50e anniversaire de la République de Cuba. Mgr Ortega, également archevêque de La Havane, a souligné dimanche que cet événement sans pareille en 60 ans était dû au «nouveau climat de changement à Cuba», grâce auquel l'Eglise avait déjà pu négocier avec le régime communiste la libération d'une cinquantaine de prisonniers politiques l'année dernière.

    Les processions, interdites par le régime castriste dès les années 1960, ont été autorisées de nouveau pour la visite du pape Jean Paul II à Cuba en 1998, mais aucune manifestation comme le parcours de la statue de la sainte patronne à travers presque toute l'île n'avait eu lieu en 60 ans.

    Le cardinal Ortega a aussi souligné les changements que le gouvernement de Raul Castro avait entrepris dans les domaines de l'«éducation» et de l'«économie», et ses efforts pour surmonter «des conceptions idéologiques un peu vieilles». «Tout cela fait partie du nouveau climat de changements à Cuba» et «nous demandons à la Vierge de la Charité qu'ils continuent», a-t-il dit.

    Protégée par une cloche en verre et juchée sur un camion accompagné par des motards de la police, qui ont fait retentir leurs sirènes, la statue a fait son entrée à Madruga, où de nombreux fidèles l'attendaient avec des fleurs et en chantant.

    Source:  Canoe

    Une procession catholique autorisée à Cuba



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